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327 Devait tous les sauver, et les voit tous mourir. Les derniers cavaliers que Kutusof ramasse, De la plaine en fuyant refranchissent l'espace ; Les canons de Belliard, les hussards de Pajol Ont arrêté les uns dans leur rapide vol, Et des autres la foule à leur courroux soustraite ; Au-delà d'un ravin abrite sa retraite, Comme aux bords de son antre un lion frémissant Recule terrassé, mais toujours rugissant, Des bronzes ennemis la voix meurt indignée. La plaine est libre enfin; la bataille est gagnée. Vainqueur sur tous les points de ce champ meurtrier, L'empereur le visite ; il commande : Mortier Jusqu'au ravin profond dont l'étroite barrière Marquera des deux camps la nocturne frontière, Conduit la jeune garde et s'arrête devant, Pour le fortifier par ce rempart vivant. Douze heures de combat ne calment pas encore Cette fureur d'exploits dont la soif te dévore, Indomptable Murât ! tu veux, malgré la nuit, Des Russes qu'en espoir ton fer ardent poursuit, Exterminer le reste, et, barrant leur passage, Grossir la Moskowa des flots de leur carnage. L'empereur, à regret, d'un mot le retenant, Admire ta valeur même en la condamnant. Sa voix qu'à respecter l'Europe est façonnée,