page suivante »
307 espèce de représentation fantasmagorique, où l'on parle de- l'esprit, ©ù Jésus n'est appelé que le Nazaréen, où le doute coudoie la foi, où le scepticisme se fait catholique, où le ca- tholicisme à son tour devient sceptique. En un mot, Spiridion n'est qu'une divagation métaphysique qui n'a ni suite, ni conclusion ; espèce de traînards du p h i - losophisme qui marche tant bien que mal vers le gouffre où s'est engloutie l'armée tout entière, résidu poétique du mysti- cisme et de l'illuminisme de la fin du dernier siècle mal com- pris et mal digéré. Tel quel, Spiridion n'est d'un bout à l'autre qu'un écrit contre la révélation, s'appuyant lui-même sur une révélation ; espèce de docteur Strauss français, tombé tout d'un coup des nuages du panthéisme de l'auteur de Lélia, pour venir s'escrimer contre le bénévole catholicisme qui ne lui a rien fait. George Sand a beau d i r e , le catholicisme n'est point im- moral comme elle le p e n s e , et s'il montre une impassible im- mobilité quant aux dogmes, c'est parce que le moment n'est pas loin où les sciences terrestres vont venir servir toutes de démonstrations et de preuves à sa science spirituelle ; servir d'instruments'pour propager la foi, pour fortifier l'espérance, pour réaliser la charité et le bonheur. L'humanité manifeste de nouveaux b e s o i n s , il faudra bien que le catholicisme les satisfasse, car le Christ, son fondateur, lui a dit: «Donnez votre pain à celui qui a faim, donnez vos vêtements à celui qui a froid; » mais il a dit aussi : « N'appelez personne sur la terre votre maître , car vous n'avez qu'un maître qui est le Christ. » Que George Sand revienne donc à ses tendres et nobles Lettres à Marrie, elle y retrouvera 3a trace d'une route perdue qui la ramènera au bien ; alors seulement elle ne répétera plus ces mots terribles du Dante : Fer me si va' nelV eterno dolore, et elle comblera de joie ceux qui veulent son bonheur avant sa gloire, ceux-là seuls qui l'aiment et l'admirent sin- cèrement. J. BORDES DE PARFONDRY.