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291 génie, qui souffre et qui fait souffrir avec lui, c'est George Sand. Pendant que toute la littérature déserte les drapeaux du phi- losophisme sceptique, et, au milieu des ruines sociales amon- celées par les révolutions, court se rallier au tour de l'éten- dard chrétien, du labarum sauveur, quelques intelligences seules s'isolent, el semblent prendre pour tâche le redoutable accomplissement de l'œuvre de destruction du dix-huitième siècle. Les principes que des écrivains religieux el purs ont eu tant de peine à remettre en respect, les vieilles croyances, les anti- ques traditions, certains nobles préjugés, qu'on pourrait appe- ler les excroissances, le trop plein des vertus de nos p è r e s , toute celle sublime théologie catholique reçoivent de quelques auteurs une déclaration de guerre en règle, mais d'une guerre à mort. Pour eux le progrès est en dehors de la religion. Après avoir sapé la base de la famille en déchirant chaque jour l'im- pénétrable rideau qui devrait cacher les tristes et doux mystè- res du mariage, après avoir soulevé la femme contre la p r é - tendue tyrannie de l'homme , ils arment ce dernier contre son semblable en lui montrant à l'horizon une merveilleuse oasis où le repos sera le prix de sa lutte victorieuse contre les v é - rités divines ; elincelant m i r a g e , séduisante déception, tant que l'esprit humain sera aveuglé par le scepticisme ; magnifi- que réalité, avenir sublime et prochain, si l'amc humaine pousse le grand cri de fraternité et d'amour au pied de la croix. Au lieu d'attaquer les instilu lions politiques du présent, comme un ignoble culte à l'égoïsme, en montrant les institutions r e - ligieuses comme type et modèle de la perfection, ces écrivains n'ont tenté que de grands essais de vigueur perturbatrice ; après avoir fait douter l'homme de la vérité des éternelles ins- titutions de la morale, entraînés forcément par l'inflexible lo- gique, celle méthode indomptable enlre les mains de la vérité ou de l'erreur, ils sont arrivés malgré eux au dernier t e r m e , à la conclusion de leurs prémisses, à la négation du dogme