Revue du Lyonnais » série 1 - n°9 ( 1839 ) » pp.292

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catholique ; en un mot , ils ont poussé l'homme contre Dieu.
Aussi ce n'est pas une des moindres incohérences de ces intel-
ligences que de voir tous leurs nobles chants à la louange de
la nature , tous leurs hymnes d'adoration devant la fécondité
des a r t s , devant la liberté de la volonté humaine, devant les
créations si riches et si variées de la terre, ce n'est pas une des
moindres anomalies de ces talents supérieurs que de voir., di-
s o n s - n o u s , ces admirables cantiques d'une contemplation
extasiée en présence des innombrables sphères de l'infini,
toute cette poésie religieuse en apparence, n'aboutir, faute d'un
principe vrai, qu'à séparer l'homme de Dieu, qu'à essayer de
briser la chaîne d'or avec laquelle le Christ a racheté ce mal-
heureux monde au trône de son père, œuvre divine et éternelle
contre laquelle seront impuissantes toutes les Å“uvres hu-
maines.
    La discussion aride et sèche des Voltaire et des Diderot a
cessé , mais pour prendre de nouvelles formes, de nouveaux
moyens de séduction. Laissant de côté certains points de
controverse qu'éclaire trop maintenant le grand jour de la
science, le scepticisme s'est fait poésie ; le désert se pare de
fleurs, pour mieux attirer dans ses solitudes fatales le voya-
geur imprudent qui cherchant un fruit sous les parfums, ne
doit y trouver que le sable du découragement. Celle tendance
plus terrible, parce qu'elle est plus doucereuse et qu'elle revêt
jusqu'à un certain point les dehors de la vérité, commence à
Rousseau. Ce qui n'était qu'un soupir de douleur et de mysan-
thropie dans Jean-Jacques, devenant plus lard chant de com-
bat dans Byron, se transforme dans George Sand en cri de
victoire.
    L'idole est ébranlée ; il semble qu'elle n'ait plus qu'à tomber
sous les paroles accablantes de ses accusateurs.
    Sublime sœur de Manfred, George Sand possède dans sa
nature les désirs multiples et insatiables du Don Juan, la r ê -
verie mélancolique de Harold, la poésie fougueuse et sauvage
du Giaour, l'humeur vagabonde du Corsaire; même richesse ,