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265 où le Rhône devait, à la longue , resserrer son lit, pour faire place à de nouvelles habitations. Le négociant dans ses m a - gasins sur les q u a i s , l'artisan dans ses ateliers à la Croix- Rousse , le batelier sur les fleuves, le pauvre sur les places publiques , le laboureur dans les campagnes voisines , ne peu- vent élever les yeux vers le ciel sans rencontrer le clocher de Notre-Dame de Fourvières, sans mêler à leurs vœux le nom d'une douce et puissante médiatrice. C'est le premier monu- ment que salue le voyageur, en entrant à Lyon ; le premier objet qu'une mère montre de loin à son enfant, dès que son oreille s'ouvre au nom de Marie ; e t , par une louchante dispo- sition de la piété des Lyonnais, c'est encore le dernier sanc- tuaire que rencontre Je serviteur de la Vierge , lorsque lecor- tége funèbre de la religion et de ses amis va confier ses dé- pouilles mortelles à la terre. » Autour de cette chapelle , ainsi poétisée par son historien , les deux extrémités de la vie sem- blent s'être donné rendez-vous. De vieux p r ê t r e s , blanchis dans les travaux de l'apostolat, y viennent apprendre à bien mourir } et les futures épouses des enfants des hommes y font l'essai de la vie , gracieuses jeunes filles qui s'élancent peut- être en désirs dans un monde dont les turbulentes ivresses ne valent pas la fraîcheur de leurs faciles joies. Sous l'œil protec- teur de Marie se groupent aussi d'autres jeunes filles, moins bien dotées des mains de la fortune, et que la Providence a réunies pour qu'elles vivent ensemble de leur travail de cha- que heure. Le matin, Fourvières est fréquenté par de nombreux visi- teurs qu'y amène la piété ; mais le soir il y a silence presque absolu. Seulement on entend s'élever , comme une sourde agitation , les mille bruits de la cité. Aux jours solennels , aux fêtes spéciales , c'est le peuple des campagnes qui arrive en longues théories bariolées de costumes et de mœurs ; ils appor- tent une foi confiante et simple ; nous avons été plus d'une fois profondément é m u s , en voyant de pauvres vieillards, qui n'a- vaient pas de gîte, attendre par une belle nuit étoilée que l'an»