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 où le Rhône devait, à la longue , resserrer son lit, pour faire
 place à de nouvelles habitations. Le négociant dans ses m a -
gasins sur les q u a i s , l'artisan dans ses ateliers à la Croix-
Rousse , le batelier sur les fleuves, le pauvre sur les places
publiques , le laboureur dans les campagnes voisines , ne peu-
vent élever les yeux vers le ciel sans rencontrer le clocher de
Notre-Dame de Fourvières, sans mêler à leurs vœux le nom
d'une douce et puissante médiatrice. C'est le premier monu-
ment que salue le voyageur, en entrant à Lyon ; le premier
objet qu'une mère montre de loin à son enfant, dès que son
oreille s'ouvre au nom de Marie ; e t , par une louchante dispo-
sition de la piété des Lyonnais, c'est encore le dernier sanc-
tuaire que rencontre Je serviteur de la Vierge , lorsque lecor-
tége funèbre de la religion et de ses amis va confier ses dé-
pouilles mortelles à la terre. » Autour de cette chapelle , ainsi
poétisée par son historien , les deux extrémités de la vie sem-
blent s'être donné rendez-vous. De vieux p r ê t r e s , blanchis
dans les travaux de l'apostolat, y viennent apprendre à bien
mourir } et les futures épouses des enfants des hommes y font
l'essai de la vie , gracieuses jeunes filles qui s'élancent peut-
être en désirs dans un monde dont les turbulentes ivresses ne
valent pas la fraîcheur de leurs faciles joies. Sous l'œil protec-
teur de Marie se groupent aussi d'autres jeunes filles, moins
bien dotées des mains de la fortune, et que la Providence a
réunies pour qu'elles vivent ensemble de leur travail de cha-
que heure.
   Le matin, Fourvières est fréquenté par de nombreux visi-
teurs qu'y amène la piété ; mais le soir il y a silence presque
absolu. Seulement on entend s'élever , comme une sourde
agitation , les mille bruits de la cité. Aux jours solennels , aux
fêtes spéciales , c'est le peuple des campagnes qui arrive en
longues théories bariolées de costumes et de mœurs ; ils appor-
tent une foi confiante et simple ; nous avons été plus d'une fois
profondément é m u s , en voyant de pauvres vieillards, qui n'a-
vaient pas de gîte, attendre par une belle nuit étoilée que l'an»