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263 chez unj peuple choisi une simple et modeste jeune fille , m ê - lée aux femmes vulgaires, sans aucune chose qui la distingue d'elles , si ce n'est sa virginale p u d e u r , et sa vie sagement ab- sorbée dans la pensée de Dieu et dans les choses de sa condi- tion sociale. Elle gagne sa vie avec le travail de ses mains ; elle est clouée aux détails domestiques, va puiser l'eau à la fon- taine , comme Rebecca, et laver son linge aux flots purs , comme faisait Nausicaa, la princesse homérique. Mais dans le cercle étroit de ces heures si largement occupées, que de vertus aimées des cieux , et quels trésors d é m é r i t e s ! Les pieuses mains qui dressèrent des autels pour le Christ n'oublièrent pas M a r i e , e t , dès l'aurore de ce mystérieux et poétique moyen-âge, où une ardente foi s'unissait à un enthou- siasme si touchant de simplicité, elle fut l'objet du culte le plus constant , la source des inspirations les plus pures , des dévouements les plus nobles et les plus généreux. Le poète la chanta sur sa l y r e , pendant que le sculpteur demandait son image au marbre m u e t , pendant que le peintre aimait à la reproduire sur la toile. Une pensée de repentir, ou de piété filiale , ou de reconnaissance lui élevait des temples sur les flancs des coteaux, sur la cime abrupte des rochers ou dans les détours silencieux des vallées profondes. Elle avait partout ses chapelles ornées par la nature , ses oratoires embellis par la main des vierges , et ses étroites niches d'où elle veillait sur les différentes parties des populeuses cités. Jusque dans nos âges de foi débile et maladive , ou d'incrédulité amère el dévorante, elle a jeté de chaleureuses inspirations dans l'ame des grands poètes, et GœtheetByron, comme Pellico et Man- zoni, comme Tasso et Petrarca, l'ont célébrée en magnifiques strophes. Dans les danses étoilées du Paradis de Dante , rayonne une splendide lumière que salue un vieillard en cheveux blancs, l'évangélisle de Maiie., saint Bernard. Celte miraculeuse étoile , c'est la Vierge , mère du Christ. Les sen- tiers battus de Lovette virent un jour arriver un pauvre pèle- rin , consumé de tristesse et de misère ; on l'entendit soupirer