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259 de son époque. En 1610, il avait élevé à Vimy, aujourd'hui Neufville, un moulinage pour le montage des soies, et dans l'exercice de sa profession , s'était acquis de grands biens, dont il sut noblement user. Les pauvres prisonniers devinrent surtout l'objet de sa sollicitude, et certes, dans un temps où ils étaient si malheu- reux et si oubliés, c'était un grand acte de charité chrétienne que de compatir efficacement à leur sort. Ce généreux ci- toyen, après avoir beaucoup fait pour eux, en autant de manières qu'il pouvait, conçut le projet d'une société qui poursuivrait ses fructueuses tentatives, et donnerait à son œuvre un plus large développement. La place des Terreaux n'offrait point alors l'aspect qu'elle présente aujourd'hui; il n'y avait là ni cet imposant Hôtel-de-Yille., qui ne fut achevé qu'en 1655, ni ce vaste palais Saint-Pierre, qui date de 1667, ni ces maisons richement alignées. Le nom qu'elle a gardé, la place le justifiait. En 1625, les criminels, après avoir été pendus, étaient donc enterrés dans les fossés des Terreaux, et par la main de l'exécuteur. Cette triste sépulture n'avait pas même la paix de la tombe. Le marché des pourceaux se tenait là , et ces animaux immondes, fouillant la terre, suivant leur habitude, déterraient souvent des corps nus et parfois tout putrides. Cœsar Lauro voulut que les suppliciés fussent du moins à l'abri de ces honteuses mutilations, et que la prière les sui- vît dans le caveau où ils descendaient. La mort et le re- pentir avaient passé sur le crime, et ces hommes flétris par de grandes fautes, mais relevés par de sublimes espérances, il n'était pas juste de leur refuser un linceul. Lauro avait résolu de construire, à ses frais, une chapelle avec des ca- veaux destinés à l'inhumation des suppliciés, puis d'instituer une confrérie de pénitents qui les assistât, et qui leur fît de l'échafaud un marche-pied pour aller au ciel. Il s'adressa aux Carmes des Terreaux,, afin d'obtenir de ces Religieux la concession du terrain nécessaire à l'édification de la chapelle