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maisons, et qui porte avec amour l'humble chapelle de la
madone, les yeux ne se tournent pas sans une sorte de re-
cueillement et d'émotion vers cette vaste basilique, élevée à
Dieu par la foi de nos pères. Si la cathédrale de Saint-Jean
ne peut être considérée comme une des premières églises de
France, elle offre néanmoins une masse imposante de cons-
tructions qui domine au loin les édifices vulgaires, et qui
rappelle bien sensiblement les siècles auxquels la religion
tenait une si grande place dans la vie. Nous sentons toute
notre petitesse à la vue de ces énormes tours dont l'œil suit
avec effort les lignes angulaires ; de ces contreforts surmon-
tés de statues, qui semblent plonger dans un abîme ; de ce
large et vaste frontispice, où l'architecture gothique étala
 ses richesses.
    L'origine de l'église de Saint-Jean, comme celle de tant
 d'autres édifices religieux, se perd dans les âges reculés. Pas
 un historien qui vous dise à quelle époque, ni par quelles
 mains fut élevée cette imposante cathédrale. Si l'on trouve
 quelques noms, à de grandes distances encore, c'est à peu près
tout. Elle a, en ceci, la destinée de ces poèmes helléniques,
 de ces romanceros espagnols, œuvres grandioses léguées aux
 siècles futurs par des génies inconnus. Envisagée sous un
 autre point de vue, elle ressemble également à ces œuvres-là,
 car, ainsi que le remarque M. Jacques : « Une église est un
 « monument qui contient tout un poème. Chaque partie, prise
 « en particulier, les chapelles, les sculptures, les vitraux,
 « avait un sens, et leur ensemble formait un cycle complet
 « d'idées religieuses, en quelque sorte matérialisées. « Mais
 la clef de ce cycle, aujourd'hui perdue pour nous, il faudrait
 la chercher dans la sublime trilogie de Dante plutôt que par-
 tout ailleurs, la demander aux livres de Pierre Comestor, et
 quelque peu encore aux vieilles traditions de chaque pays.
 Ce n'est pas en vain que le moyen-âge imprimait sur la pier-
re, sur le marbre et sur le bois tantôt des pages de la Bible,
 tantôt des récits de l'histoire, ou qu'il se jouait avec sonima-