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    Par suite du manque d'empressement et de la prompte sa-
 tiété de notre public, la musique d'Anna Bolena n'a pas en-
 core pu être comprise et jugée. Ce ne sont pas là de ces parti-
tions sémillantes , vives et spirituelles que l'on perçoit tout
d'abord .Puis, après s'être abreuvée si longtemps à la généreuse
musique de Meyerbeer, notre oreille n'a pu se faire de suite au
 placage de l'accompagnement italien, à la monotonie du chant,
etàl'interminable et soporifique longueur du récitatif. La scien-
ce manque dans Anna Bolena comme dans toute l'école. La ma-
tière harmonique est pauvre et l'instrumentation souvent fai-
ble. En général, la musique n'a pas le caractère dramatique que
le sujet exige si impérieusement. Mais il faut en convenir, les
sentiments tendres et gracieux, mélancoliques et doux, sont
exprimés avec une abondance charmante ; enfin , et c'est là,
vraiment, le beau coté de toute la musique italienne, la mélodie
riche et facile coule comme une fontaine limpide dont le flot,
toujours pur , ne tarit pas.
   La matinée musicale, donnéeparM.Baumann, a été composée
d'un petit nombre de morceaux, mais leur choix était digne de
ce grand etmodesle artiste.Une ouverture de Méhul et un frag-
ment de symphonie de Beethoven, cela ne vaut-il pas tous les
programmes de certains concerts ? Si l'ignorance et le mauvais
goût régnent encore dans la foule, ce n'est certes pas la faute de
M. Baumann, et il ne peut se reprocher d'y avoir sacrifié une
seule fois; il sait que l'artiste, de même que le lévite, doit gar-
der sa robe pure ; aussi, sans parler de son talent si élevé et si
sévère, on peut dire que tout ce qu'il a fait pour la musique à
Lyon , soit par ses conseils, soit par ses exemples , a toujours
tendu à nous conduire dans la route du vrai beau , hors de la-
quelle il n'y a rien de bon ni de solide. —Le concert a com-
mencé par l'ouverture de Timoléon ; a la puissance de l'har-
monie et du sentiment dramatique on reconnaît la belle école
du vieux Gluck. L'élévation du style ne se dément point
d'un bout à l'autre ; il y avait vraiment quelque chose du gé-
nie antique chez Gluck et chez Méhul. Dans celte école, où