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l'on raisonnait tout, une ouverture d'opéra devait être l'expo-
sition parfaite des sentiments et des faits qui allaient se passer
sur la scène , de sorte qu'au lever du rideau le spectateur était
au courant, et n'avait pas besoin d'acheter la pièce comme de
nos jours. L'ouverture de Timoléon est trop dramatique ettrop
animée pour qu'elle ne remplisse pas ce but. 12allegro se com-
pose d'un dialogue vif et serré entre les instruments à vent et
les instruments à corde, dialogue remarquablement instru-
menté pour l'époque. — L'admirable andante de la symphonie
en la a enthousiasmé l'auditoire, bien que ce ne fut pas tout-à-
fait celui du Conservatoire, et que l'orchestre eut pu se pénétrer
davantage de l'idée du maître. Néanmoins> sauf quelques ren-
trées un peu hésitées, cet admirable andante n'a pas été trop
mal rendu. Combien la pensée musicale qui en fait le fond est
touchante et magnifique, quand les basses etle bassonlacom-
mencent mystérieusement; comme elle grandit et se transmet
des instruments à vent aux violons et aux basses avec fugue et
un mouvement plus vif ; puis, enfin, comme elle reparaît après
le majeur et la fugue pour se terminer si triste et si pleine de
grâce. Pourquoi n'entendons-nous pas plus souvent ces immor-
tels chef-d'œuvres ! N'est-il pas honteux pour une ville comme
la nôtre, qu'avec de tels éléments, un orchestre si bon, nous
 ne connaissions que quelques fragments des symphonies de
Beethowenn, l'idéal du genre ! Les variations de Mlle Mazel, sur
un thème original, qui ne l'est pas excessivement, ont obtenu
de nombreux applaudissements ; s'ils s'adressaient au jeu cor-
rect et brillant de la jeune pianiste , ils étaient aussi bien mé-
rités qu'ils l'eussent été peu, s'ils se fussent adressés à l'auteur
 des variations. Ces gammes, ces roulades , ces traits insigni-
fiants et plus ou moins bien ajustés rappellent, quelque peu,
les œuvres interminables de Louis Jaditi ( que Dieu ait son
 ame!). La composUiomanie s'empare des artistes exécutants;
pourtant il vaudrait beaucoup mieux pour eux s'attacher à
 rendre les nombreux chefs-d'œuvre de nos grands maîtres.
 Ainsi, pour le piano, que de trésors encore à peine fouillés au-