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1R1 cl ne devons-nous pas cultiver^ chérir votre mémoire, à vous tous ? Un voyageur, et ce noble voyageur c'est Chateaubriand, nous attendrit quelque part (1) sur un modeste Religieux fran- çais, qu'il rencontra au Saint-Sépulcre. Il fit diverses questions au P. Clément, et lui demanda s'il n'avait point envie de revoir sa patrie, s'il voulait écrire à sa famille, mais le bon Religieux répondit avec un sourire amer : « Qui est-ce qui « se souvient encore, en France, d'un pauvre capucin ? sais-je « si j'ai encore des frères et des sœurs ? Monsieur, voici « ma patrie. » Et le P. Clément, le cœur profondément ému, se retira dans sa cellule, sans vouloir jamais reparaître. Je le demanderai aussi : Qui est-ce qui se souvient, à Lyon, des Cordeliers et de leur cloître ? Pourtant, ils ont bien quel- que droit à ce que leurs noms ne soient pas dévorés par l'oubli, et à ce que la bonne odeur de leurs vertus se révèle en- core à nous; car cette vie du cloître, vie de renoncement et de pauvreté, elle eut des entrailles pour l'infortune et des tré- sors pour le pauvre ; elle enfanta des docteurs pour la reli- gion et des appuis pour l'humanité, comme des saints pour les phalanges célestes. De stupides et plates déclamations ne peuvent rien contre la voix si forte de la vérité; ne fait-il pas beau entendre l'oisiveté vanileuse et souvent criminelle se récrier contre les jours désœuvrés que l'on coule aux mo- nastères, et, pleine d'indulgence pour elle-même, deman- der à ses frères en douleurs le courage de toules les vertus ? Il reste des faiblesses même sous la bure; et, des longs cor- ridors sombres du cloître, on rejette souvent, malgré soi, des yeux attristés vers le monde et vers ceux qu'on lui laissa. La tournure apologétique de ce que j'écris là n'est point précisément celle que M. l'abbé Pavy a voulu prendre ; car il raconte avec la franche et loyale indépendance d'hislo- (1) Mélanges litU'rairc-s.