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La comédie est vaine où règne l'industrie;
Qui peut-elle, en effet, corriger , je vous prie?
Si le commerce un jour envahit l'univers,
On verra, grâce à lui, mourir tous nos travers,
Car l'homme qui travaille et l'homme qui spécule
N'ont pas même le temps d'avoir un ridicule.
Ainsi donc sans appui chez nos concitoyens ,
Sans public, sans bravos et sans comédiens ,
Sans modèles enfin, tout vous sera contraire ;
Vous n'êtes point ici sur un sol littéraire.
                          L'AUTEUR.
Monsieur, je vois le siècle et Lyon d'un autre œil,
Une extrême prudence est souvent un écueil,
Sachons ouvrir enfin nos yeux à la lumière ;
Lyon l'a fait souvent éclore la première.
On nous dit : mais cela ne s'était jamais vu !
Eh! bien, l'on jouit mieux d'un succès imprévu.
                       LE PRÉSIDENT.
Le succès c'est fort bien, mais la chute....
                          L'AUTEUR.
                                              La chute !
Ce que l'un ne fait pas, un autre l'exécute.
Tel succombe aujourd'hui qui triomphe demain,
J'aurai du moins l'honneur de montrer le chemin.
                       LE PRÉSIDENT.
Le chemin est glissant.
                          L'AUTEUR.
                            Et moi j'y cours sans crainte.
La gloire a dans ces lieux laissé plus d'une empreinte ;
Où sent-on mieux les arts ! où sont-ils mieux compris ?
Où retrouve-t-on mieux l'image de Paris ?
Chez nous quand, par hasard, sur la scène voisine
Éclate un mot piquant,une remarque fine,
On voit l'effet soudain de ces traits applaudis
Du parterre debout monter au paradis,
Et la critique même admire, un peu jalouse,
Tant de goût en casquette et tant d'esprit en blouse !




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