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 Dire du mal de soi plus qu'on n'en pense ailleurs,
 C'est donner sans raison l'avantage aux railleurs.
 A vous croire, on pourrait à peine en notre ville
 Trouver assez d'esprit pour faire un vaudeville ;
 Lyon ne peut offrir une lice aux auteurs,
 Un répertoire usé languit sans spectateurs ;
Mais cet art dont Rachel est la noble espérance
 Va partout à sa voix se réveiller en France ;
La France est revenue à tout ce qu'elle aima :
 Nous avons vu Ligier, disciple de Talma,
 Au bruit de nos bravos, sur notre double scène,
Rajeunir parmi nous la vieille Melpomène.
Qui répandait des pleurs à ces tableaux touchants ?..
Qui venait l'applaudir, l'admirer?.... des marchands !
Hier, un professeur obscur, sans auditoire,
Préparait des enfants aux leçons de l'histoire;
Aujourd'hui de Guizot éloquent héritier,
Il voit, à ses leçons, courir un peuple entier ;
Mais quel est, dites-moi, ce peuple qui l'écoute ?
Le peuple de Paris, tous gens d'esprit, sans doute,
Public enthousiaste, aux sublimes penchants....
Non ; cesflotsd'auditeurs sont encor des marchands !
Au goût des arts partout le commerce s'allie ;
Evoquons les beaux jours de la vieille Italie...
Ses princes si vantés, ces citoyens si grands,
Ces nobles Médicis qu'étaient-ils? des marchands !
Florence leur a dû son lustre et sa fortune.
En France, tout concourt à la gloire commune.
Chaque cité jadis avait ses mœurs, ses lois ,
Ses petits souverains et ses petits exploits ;
Chaque bourg, que paraît la couronne ducale ,
S'en tenait fièrement à sa gloire locale ;
Sans réclamer sa part d'esprit et de talent,
Chaque ville aujourd'hui prend un essor brillant ,
S'oublie en s'illustrant dans la même espérance,
Et n'a plus désormais d'orgueil que pour la France !