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                                           Lyon , le 25 mai.


    Je ne veux pas entrer dans le sérieux du commerce ;
cependant je ne crois pas trop ennuyer le lecteur en mon-
trant , en deux mots , comment Lyon déchoit depuis quelque
années. Les négociants de cette ville avaient un moyen de prê-
ter sur gage à 10 et 12 pour 100 l'argent que les particuliers,
leur confient (car on ne place pas dans la renie en province)
et qui ne leur coule à eux que 4 à 5 pour 100. Ce moyen
s'en va. Après la récolte des cocons à T u r i n , à Milan, à
P a r m e , e t c . , ceux des négociants d'Italie qui manquaient de
fonds envoyaient leurs soies non travaillées à Lyon , et les
mettaient en dépôts comme gage des sommes qu'ils rece-
vaient en retour. L'intérêt qu'ils payaient, augmenté des
 droits do magasinage , de la provision, et enfin de tout ce que
 doit supporter celui qui emprunte dans le commerce , s'éle-
 vait à 11 ou 12 pour 100.
     Lorsque les négociants Italiens virent l'émeute de Lyon,
 ils eurent peur pour leurs soies et demandèrent de l'ar-
 gent à Londres ;bienlôt ils en trouvèrent môme en Italie. On
 établit des monli qui reçoivent les soies en gage , et où l'on
 prête de l'argent à 6 pour 100 à qui apporle de la soie.
     Tous les négociants du midi savent que le roi de Sardaigne,
 Charles-Albert , a ouvert deux emprunts depuis son avène-
 ment au trône. Le montant du second , dit emprunt de Sainte
 Hélène, est en enlier dans ses coffres, et servirait en cas
 d'exil. Un minisire des finances , qui se donne la peine de
 penser , a proposé au roi de prêter cet argent aux négo-
 c i a n t ses sujets, qui donneraient des soies en nantissement.
   Les Suisses , dont le bon sens rêve sans cesse au moyen
de gagner des écus neufs, se sont imposés des droils dédouane
fort modérés. Les Allemands, moins éclairés, et d'ailleurs
encore infatués de leurs chaînes , ont pourtant un certain
instinct de nationalité qui les a conduits à l'association pour