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57 les douanes; c'est encore un malheur pour les produits de Lyon. 11 faut que cette grande ville renonce peu à peu à fournir des étoffes de soie à l'étranger. La fausse direction commerciale essaiera-t-elle de lutter contre la nécessité ? non, par paresse, elle ne fera rien. Le gouvernement doit se borner à d o n n e r d e l'occupation aux vieux ouvriers en soie qui manquent d'ou- vrage, et à décourager les jeunes gens de seize ans q u i , à L y o n , voudraient se faire ouvriers en soie. Le journal de Lyon devrait expliquer, tous les quinze jours, comme quoi, dans tous les coins de l'Europe, on a l'insolence de fabriquer des soieries. Le très beau seul restera à Lyon , et encore à la condition de placer les ouvriers dans les villages environnant, hors de la portée de l'octroi, que l'Europe ne veut plus rembourser. Quand je sens que l'ennui me gagne à Lyon je prends un cabriolet et m'en vais à Chaponost voir les montagnes de la Suisse et les arcades romaines; ces ruines si insignifiantes élèvent l'ame et la consolent. Mon cousin C . . . m'a mené à la maison commune. J'ai remarqué , sur sept à huit grandes tables , une foule de dessins fort bien exécutés et représentant des coupes de pierre , des voûtes, des ponts, e t c . , etc. Tout cela est presque aussi bien que les dessins de l'école polytechnique. Je demande d'où viennent ces dessins étonnants , on m'apprend qu'ils sortent de l'Ecole des Frères Ignorantins. J'ai supposé d'abord qu'il y avait ici quelque r u s e , mais le triomphe de ces messieurs est bien plus réel. Un négociant de Lyon qui avait le même soupçon que m o i , a demandé la copie d'un beau dessin représentant un des ponts suspendus que les frères Seguin viennent de construire sur le Rhône. Un enfant de quatorze ans, élève des Frères, a rendu, huit jours après , une copie magnifique et le dessin original n'a été ni piqué ni calqué. Le fait est qu'il y a ici un Frère Igno-