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voir en enfilade ; l'action et l'œuvre en général eussent gagné à être
resserrées.
M. Genod a étendu sur une toile immense le sujet tout au plus
d'une aquarelle. Et quel sujet! le plus vulgaire, le plus bourgeois
qui se puisse trouver : La Fête du vieux grand-père. « Il est, nous
dit le livret, entouré de sa famille; une jeune mère lui présente son
nouveau-né. » C'est à faire pleurer d'aise et d'attendrissement tou-
tes les bonnes, gardes-malades et portières de France et de Navarre.
Il y a pourtant, il faut en convenir, un grand progrès à constater
de la part de l'auteur. Il y a des chairs presque modelées, des extré-
mités presque dessinées, une couleur presque chaude et vigoureuse.
Mais pourquoi cette transparence des têtes qui leur donne l'aspect
de vessies enluminées? pourquoi ces étoffes sont-elles de bronze et
de marbre peints? pourquoi la jeune mariée est-elle de cire? pour-
quoi, devant ce tableau, se figure-t-on que l'on assiste à une scène
du salon de Curtius? enfin pourquoi, malgré tous ces points d'inter-
rogation, le tableau de M. Genod fait-il l'admiration de la foule?
UNE DÉPUTATION COMPOSÉE DE TOUT CE QUE LA PRO-
VINCE RENFERME DE BOURGEOIS PEIGNANT ET DESSINANT
EST VENUE DE VINGT LIEUES POUR FAIRE SON QUART
D'HEURE D'ADORATION CHAQUE JOUR DEVANT LE GRAND-
PÈRE ! J'ai causé sur le bateau à vapeur avec cette élite de la gent
beaujolaise et bourguignone.
Jacquand est toujours le peintre des accessoires. Son nouveau ta-
bleau : Louis XI à Amboise surprenant la reine au moment où
elle donne une leçon de lecture au dauphin, son fils, qu'il voulait,
par politique, élever dans la plus grande ignorance, vient confir-
mer la critique que nous avons faite de ses autres compositions. Il y
a absence de vie dans ses têtes ; on dirait des masques de carton
peint ; absence de perspective et de profondeur dans la distribution
de cet appartement. La reine et son fils sont des têtes de chic : grands
yeux ronds et bêtes , nez droit, bouche sans caractère. Louis XI est
une caricature triviale etcommune. Son attitude est celle d'un boxeur
à la seconde position ; il rappelle la charge du père Sournois luttant
contre la dinde. Quoique l'harmonie de cette Å“uvre soit grise et