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46 comme boueuse, on ne peut qu'admirer l'exécution des détails et des accessoires. M. Jacquand devrait prier un de ses amis de lui peindre les têtes de ses personnages. Le Condamné à mort de M. Reverchon est une chose nauséa- bonde. Passons... et puisque personne n'a pu l'arrêter, laissons donc M. Reverchon marcher à son supplice. On doit à Mlle Girard ou Gérard une jolie Marche moyen-âge. Les fonds sont négligés, mais lesfiguresont de l'esprit et prouvent de sérieuses études. M. Compte Calix a eu tort d'exposer la Ressemblance. Ses Sœurs de lait annonçaient déjà une fâcheuse tendance vers l'école lyon- naise de 1820 ; son nouveau tableau est une œuvre complètement rétrograde ; elle n'a même pas cette grosse gaîté, ce mouvement, ni cette bonhomie dont les sujets bourgeois de l'école flamande offrent de si précieux modèles. Je n'aurais jamais cru que les lauriers de M. Genod pussent causer des insomnies. Voici eufin le Patriarche d'Alep de M. Bonnefond ? C'est un homme à barbe, vêtu d'un costume somptueux et tenant dans ses mains une statuette de la Vierge, mais pensant à toute autre chose qu'au saint ministère qu'il remplit : derrière lui sont deux nègres non pas du type abyssin, comme je l'aurais pensé, mais bien du type hottentot? M. Bonnefond s'est trompé en choisissant ainsi, si je ne me trompe moi-même. L'un des acolytes rallume, dans l'ombre, un encensoir an moyen de son soufle; c'est une réminiscence du Rubens de la galerie de Lyon. Le sentiment des têtes est d'ailleurs insignifiant, aussi ce tableau n'a-t-il l'air que d'un portrait ; mais d'un portrait enjolivé, brodé, lavé, et pour lequel tous les magasins de dorures et tous les cabinets des curieux de notre ville ont été mis en réquisi- tion. La ville de Saragosse elle-même, représentée par M. Didier- Petit, a fourni, dit-on, sa précieuse Vierge enrichie de pierreries ;• j'ignorais que Saragosse fut en Syrie. Quant on a suffisamment admiré ce luxe d'accessoires, on s'aperçoit que les têtes sont bien modelées, et bien peintes; je ne parle pas du trait, car vous savez que le professeur dessine avec esprit et correction. L'Hiver de M. Cottrau, que j'avais oublié d'abord, repasse de-