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  c'est, en outre, un grand travailleur, dit-on. Ses progrès évidents sem-
  blent l'attester. Dans le Saint Guilhem du Désert les fonds sont
 charmants, ils ont du vaporeux et du fuyant; le ciel est très beau;
 les dégradations de la couleur et les demi-teintes fort heureuses.
 Je voudrais seulement que les terrains du premier plan fussent plus
 solidement traités, l'ensemble ferait alors bien plus d'effet.
     Les Ruines du château de Beauvoir ne valent pas les ouvrages
 antérieurs de Thuillier; sa couleur tourne au gris, au rmssâtre; les
 arbres du premier plan sont lourds et de plus en plus systématiques;
 mais, en revanche, comme il comprend l'espace! quel art dans le
 mouvement des plans ! C'est bien là le sentiment frais et reposé du
 matin! les vapeurs se lèvent déterre à l'aube du jour, et s'envolent
 comme les songes de la nuit.
    Le ciel est sombre sur les côtes de l'île Bourbon, les nuages noirs
courent et se choquent comme de livides fantômes, une clarté si-
nistre éclaire à peine cette rive triste et sauvage, et au pied des
roches humides le flot a déposé le cadavre de Virginie. Seul être
animé dans cette scène lugubre, un oiseau de proie, plane au-dessus.
Mais pourquoi le cadavre que la mer a roulé dans ses eaux a-t-il l'air
de poser comme sur les planches d'un théâtre? Pourquoi surtout a-t-
on consacré à ce tableau une somme qui aurait pu être plus utilement
employée en encouragements pour nos artistes. Composition drama-
tique, œuvre d'imagination avant tout, on aurait tort de chercher là
une étude rigoureuse qui n'a pas été sans doute dans le dessein d'Isa-
bey ; du reste, je m'étonne qu'il ait su mettre autant de profondeur
dans un ciel si noir.
   Le site rendu par Jules Coignet, dans le n° 54, est d'une char-
mante coquetterie : un homme fatigué de la vie ne rêverait aucune
retraite plus fraîche et plus calme. Que ne peut-on se retirer au fond
de ce vallon, dans cette maisonnette rustique, s'asseoir et rêver sous
ce noyer touffu, comme un sage des anciens jours, ou comme Jean-
Jacques Rousseau ! bientôt la tristesse la plus sombre se changerait
en douce mélancolie, les regrets, eux-mêmes calmés, deviendraient,
suivant l'expression d'un poète allemand, les plaisirs du cœur.
   Un de mes amis, disait de M. Guigon le genevois qu'il aurait bien