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                            2e LETTRE.




   La nature ne se présente pas de même aux yeux de tous : dans
ce vaste et mystérieux assemblage de tant d'éléments divers, se trou-
vent des beautés de tout genre que chacun saisit suivant ses sympa-
thies ; la forme, la couleur, la vie, ce principe inconnu qui anime le
monde, se révèlent à chacun de nous plus ou moins vivement. Que
plusieurs personnes se promènent dans un même lieu, elles seront
affectées diversement : celle-ci contemplera le ciel, vaste champ où
la pensée s'envole sur les grandes ailes de l'imagination, en courant
après les nuages que le vent chasse ; celle-là parcourra avec délices
la prairie verte et tranquille où l'on aimerait finir sa vie ; une autre
s'arrêtera au bord d'un ruisseau pour l'écouter chanter. Si ces
trois hommes sont peintres, leurs tableaux se ressentiront certai-
nement de leurs sensations ; le premier aura retracé le ciel avec
prédilection; il sera vaste, espacé et lumineux comme les pensées
qu'il aura fait naître ; le second aura rendu la tranquillité de la prairie.
Dans le tableau du troisième, le ruisseau s'échappera entre les ro-
seaux et semblera murmurer. Bien plus, si ces trois peintres ont
porté spécialement leur attention sur les mêmes points, ils différeront
encore. Ainsi, en supposant que tous trois se soient passionnés pour
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