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     être, disait-on, le chat attiré par les cris de sa mère , sera retourné
     chez la femme qui en a fait présent à notre fille. On va l'y de-
     mander, et cette femme d'une humeur naturellement gaie, répond
     par des plaisanteries qui ne parurent pas de saison, et qui don-
     nèrent lieu à des raisonnemens dont les suites faillirent être
    funestes. Les imaginations s'échauffent; quelques personnes se
     joignent aux parens; on se détermine à retourner chez la femme
    au caractère jovial. On frappe à la porte qui ne s'ouvre pas au gré
    de l'impatience avec laquelle ou se présente. Les soupçons aug-
    mentent, et l'on regarde déjà la maîtresse de la maison et les
    deux hommes que l'ont trouve chez elle comme les auteurs du
   rapt de la fille perdue. On recherche, on questionne, et l'on
    croit voir de l'embarras sur la physionomie de ceux qu'on inter-
    roge , et trouver de l'ambiguïté dans leurs réponses. Cependant le
    mystère n'est pas éclaircl ; on reste dans un doute affreux ", et l'on
   se retire consterné.
Six jours se passent dans l'incertitude la plus cruelle sur le sort de
   Claudine. On apprend enfin qu'on a trouvé au-dessous de Con-
   drieux, à quelques lieues de Lyon, sur le bord du Rhône, le ca-
   davre d'une fille. Un oncle et un voisin s'y transportent; le cada-
   vre avait été enterré sous le sable ; ils le font exhumer. Ils recon-
  naissent Claudine à sa figure et à ses habits, et la font enterrer
   dans le cimetière de la paroisse Saint-Michel sous Condrieux.
Les clameurs qvi'avait déjà excitées la disparution de Claudine dans
  un quartier extrêmement peuplé , augmentent sur les rapports
  d'un enfant de cinq ans, fils de la femme qui avait donné le chat.
   Ces rapports paraissaient mériter quelque attention ; car la vérité
  semblait se manifester par la bouche de l'innocence. Ce malheu
  reux enfant déclarait que la Dodon avait été étranglée chez la
   femme Forobert sa mère, par des hommes qu'il dépeignait; il se
  mettait dans des attitudes et faisait des postures qui ne pouvaient
  que faire présumer le viol. Il y en avait assez pour bâtir un système
  d'accusation. On frémit d'horreur en pensant aux crimes atroces
  qu'on avait dû commettre; on voit les coupables, on les nomme.
  Les récits du jeune enfant s'accréditent, et passent de confidence
  en confidence, ils parviennent enfin aux oreilles du ministère
  public. La justice fait tout ce qui est nécessaire pour suivre les
 traces de ce prétendu crime, et pour en découvrir les auteurs.
 Les chirurgiens commis aux rapports se rendent au cimetière de
 Saint-Michel; ils exhument le cadavre de Claudine; ils déclarent
 qu'elle a péri de mort violente, et qu'elle a été jetée dans l'eau
  après sa mort.