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490 Philosophe ? tu peux expliquer à la fois Et les lois par les mœurs et les mœurs par les lois. Mais je te prêche en vain ; l'ennui^ s'il faut t'en croire , Serait le prix coûteux dont tu paierais la gloire. Viens , suis moi, cet ennui, l'objet d'un sot effroi, Dès le premier relai, s'enfuira devant toi. Voyager ! à ce mot qui me charma sans cesse , Mon pied impatient et s'agite et se dresse. Mon corps bondit de joie et debout pour marcher , Aux langueurs du repos brûle de s'arracher. J'aime , à l'heureux signal d'un départ qui s'apprête , Les adieux que des cours l'enceinte au loin répète, Le claquement du fouet qui siffle en tournoyant, Le roulement des chars sur un pavé bruyant, Les cris du postillon et du coursier qui fume Les flancs pleins de poussière et le mors blanc d'écume. J'aime à voir comme un trait défiler sous mes yeux Plaines aux blond<*épis et vallons gracieux, Sur le seuil des maisons jeunes filles assises, Chaumières et palais , hauts clochers des églises , Tours, donjons , ponts-îevis, débris d'anciens châteaux Suspendus dans les airs ou perchés sur les eaux, Tantôt des vastes mers la surface bleuâtre, Tantôt des monts boisés le vert amphithéâtre , Enfin, tous ces aspects terribles ou charmans Que le ciel nuageux et les flots écumans , Etalent., comme on voit, dans un mouvant optique , Passer et repasser un monde fantastique ! De contrée en contrée au seul gré de ses vœux