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479 pas ceux qu'il fit pour l'embellissement du pont de Juvisy, sur la route de Fontainebleau, construit en 1728. Aux côtés de ce pont, d'une seul arche , et qui est regardé comme un chef-d'œuvre de hardiesse , deux trophées , à la gloire du roi Louis XV , s'élèvent sur un piédestal. Le premier est le Temps, ramenant l'Ordre , et portant le médaillon du roi couronné par un génie. On sait qu'à cette époque , le ministère était confié au cardinal de Fleury., vieillard plein de sens et de capacité, dont la sage administra- tion , qui dura depuis 1726 jusqu'en 1742 , répara presque tous les maux causés à la France par les dernières années du règne de Louis XIV et par les folies de la régence. Le second trophée est un groupe de génies qui soutiennent un globe aux armes de France: au bas de chaque trophée , estunefontaine dont les eaux coulent dans un bassin de la forme la plus élégante. La belle py- ramide qui s'élève sur l'arche principale du pont de Compiègne , et les armes de France qui y étaient sculptées, sont pareille- lement sorties des mains de Guillaume Coustou ; enfin la ville de Lyon lui doit l'admirable figure colossale du Rhône, qui dé- corait jadis l'un des côtés du piédestal de la statue équestre de Louis XIV, érigée en 1713, sur la place Bellecour, et qu'on voit aujourd'hui dans le vestibule de l'Hôtel-de-Ville. Ce grand artiste , chez lequel tout était invention riche et puissante, et qui beaucoup plus que son frère aîné s'était pé- nétré du goût pur de l'antique , fut enlevé à la France et aux arts , le 22 février 1746. Il avait été admis à l'académie sur la production d'un très-beau groupe représentant la mort à lHercule. Pour donner une idée de l'indépendance de son caractère, il suffit de rapporter la réponse qu'il fit un jour au riche et puis- sant financier Pléneuf qui lui demandait des magots de la Chine pour être mis sur une cheminée. Vous voulez des magots , dit-il à l'heureux favori de Plutus , dont la fille , mariée au marquis de Prie , était la maîtresse du duc de Bourbon , eh. bien, soit, je vous en ferai, mais à condition que vous me servirez de modèle. En mourant, il laissa deux fils , Guillaume , né à Paris en 1716 et mort en 1777, et Charles Pierre, né en 1721 et qui vivait encore en 1780. L'aîné suivit la carrière de son père , et fut un artiste fortbabile; le cadet embrassa l'architecture et s'y distingua.