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pas ceux qu'il fit pour l'embellissement du pont de Juvisy, sur la
route de Fontainebleau, construit en 1728. Aux côtés de ce pont,
d'une seul arche , et qui est regardé comme un chef-d'œuvre de
hardiesse , deux trophées , à la gloire du roi Louis XV , s'élèvent
sur un piédestal. Le premier est le Temps, ramenant l'Ordre , et
portant le médaillon du roi couronné par un génie. On sait qu'à
cette époque , le ministère était confié au cardinal de Fleury.,
vieillard plein de sens et de capacité, dont la sage administra-
tion , qui dura depuis 1726 jusqu'en 1742 , répara presque tous
les maux causés à la France par les dernières années du règne
de Louis XIV et par les folies de la régence. Le second trophée
est un groupe de génies qui soutiennent un globe aux armes de
France: au bas de chaque trophée , estunefontaine dont les eaux
coulent dans un bassin de la forme la plus élégante. La belle py-
ramide qui s'élève sur l'arche principale du pont de Compiègne ,
et les armes de France qui y étaient sculptées, sont pareille-
lement sorties des mains de Guillaume Coustou ; enfin la ville
de Lyon lui doit l'admirable figure colossale du Rhône, qui dé-
corait jadis l'un des côtés du piédestal de la statue équestre de
Louis XIV, érigée en 1713, sur la place Bellecour, et qu'on
voit aujourd'hui dans le vestibule de l'Hôtel-de-Ville.
    Ce grand artiste , chez lequel tout était invention riche et
puissante, et qui beaucoup plus que son frère aîné s'était pé-
 nétré du goût pur de l'antique , fut enlevé à la France et aux
 arts , le 22 février 1746. Il avait été admis à l'académie sur la
production d'un très-beau groupe représentant la mort àlHercule.
 Pour donner une idée de l'indépendance de son caractère, il
 suffit de rapporter la réponse qu'il fit un jour au riche et puis-
sant financier Pléneuf qui lui demandait des magots de la Chine
 pour être mis sur une cheminée. Vous voulez des magots , dit-il
 à l'heureux favori de Plutus , dont la fille , mariée au marquis de
 Prie , était la maîtresse du duc de Bourbon , eh. bien, soit, je vous
 en ferai, mais à condition que vous me servirez de modèle.
    En mourant, il laissa deux fils , Guillaume , né à Paris en
 1716 et mort en 1777, et Charles Pierre, né en 1721 et qui vivait
 encore en 1780. L'aîné suivit la carrière de son père , et fut un
 artiste fortbabile; le cadet embrassa l'architecture et s'y distingua.