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470 cette fascination ; je reculaj enfin, étonné de la puissance que l'amea quelquefois sur son enveloppe. En ce moment, le soleil qui descendait au nord en s'appro- chant des hauts plateaux de l'Ardèche , laissa s'égarer un rayon limpide entre deux nuées de pourpre à ma droite, et alors s'é- claira pendant quelques minutes un coin de cet eden que je n'avais pas encore remarqué. La vallée que je dominais de si haut, formait à mes pieds un vaste bassin arrondi, où se réu- nissaient quelques cascades. Une seule issue était laissée à ces eaux murmurantes, précisément en face de moi ; issue resserrée par deux hauts rochers qui se tenaient à pic comme deux senti- nelles , de chaque côté du torrent. Le rocher de droite, plus haut que l'autre, était traversé de part en part en un arcade énorme, couverte, bourrée de verdure naine , de hêtres altiers , de sapins pliant sous la brise. Le rayon brillant traversait cet Å“il immense , et éclairait dans sa marche rapide toute la corni- che sur laquelle j'étais couché. Arrivé à moi, il me lança un éclair, puis continua de courir au midi. Anéanti d'admiration, je me jetai à genou, car j'avais pensé voir flotter dans lava- peur dorée le triangle redoutable dont Raphaël Sanzio a ceint tête de Jehovah. Quand je me relevai, j'eus un moment de "eur poignante, je me crus aveugle! et je me rappelai les reux frappés de mort pour avoir osé soutenir, malgré les ÃS du Seigneur, l'arche d'alliance qui menaçait de tomber , uans une marche. Je me trompais, le soleil était déjà desceudu derrière l'Auvergne. Il était nuit ; je rentrai bien vite dans ma grotte. H. Leymarie.