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    «Il est moral de se reposer après le travail , mais il est im-
« moral de vivre dans une continuelle oisiveté ; car alors on
« vit au détriment de son frère.
    « Il est moral de punir l'homme coupable d'injustice ou de
« cruauté contre son frère , de rébellion contre les règlemens de
« la société ; mais il est immoral et démoralisant pour l'accusé,
« de lui donner pour juges des hommes souvent moins moraux
« que l u i , et qui manquent des lumières nécessaires pour ne
« pas craindre de commettre des injustices. -
    « Il est moral de mettre le coupable dans l'impossibilité de
< nuire à la société ; mais il est immoral et barbare de le lor-
 c
« turer, de l'excommunier pour toujours de la société. Il est im-
« moral, et c'est une atrocité de condamuer à mort un membre
« de la société pour si coupable qu'il soit ; car il n'est écrit nulle
« part dans la charte divine, que la société puisse et doive devena-
it le bourreau de l'homme sur lequel la nature seule s'est réservée
« le droit de vie et de mort. La société n'a qu'un droit de cor-
« rection sur ses membres , mais tuer n'est pas corriger. La
« peine de mort est un acte de vengeance et non de justice. »
    Tout cela est très-vrai > et nous aimerions à voir souvent dé-
veloppés ces préceptes de la justice éternelle si souvent mis en
oubli dans notre prétendu siècle de lumières. Que de réflexions à
faire là-dessus ! mais ce n'est point ici le lieu.
    M. Terson doit publier plusieurs autres ouvrages dont celui
que nous analysons n'est qu'une espèce d'introduction. Ces ou-
vrages seront lus avec plus de plaisir et plus de fruit, si le style
en est simple et sans prétention. Le Cri du Peuple manque de
ces qualités-là, et il est un peu obscur, nous sommes obligés de
le dire. L'auteur affecte trop les formes bibliques; il faut une
plume de bronze comme celle de La Mennais , pour n'être pas
ridicule dans un genre qui demande à la fois de la noblesse et de
la naïveté.
    On ne voit pas dès l'abord le but précis du Cri du Peuple. Nous
 comprenons que M. Terson veut arriver à l'affranchissement
du prolétaire par les moyens pacifiques ; pourtant nous n'avons
 pas aperçu une conclusion bien formulée dans son livre ; il parle
 de l'ordre qui naît du désordre ; de la lumière qui sort du chaos ;