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316 Ce n'est pas qu'il n'y ait aussi des imperfections et quelque* taches dans ces poésies ; toutes ne sont pas irréprochables ; mais, comme l'a dit Horace ; Ubi plura nitent in carminé, non ego paucis Offendar maoulis ; , La justice voulait donc qu'on payât d'abord le tribut d'éloges que M. Faure mérite à si bon droit. Tout en reconnaissant quel- ques négligences et des endroits faibles qui n'échapperont pas aux yeux de la critique, nous pouvons, dès aujourd'hui assigner à l'auteur un rang distingué dans la hiérarchie littéraire. P. Y. POÉSIES DE PHILIPPE JANNOT. Encore une lampe qui s'éteint avant que le jour soit venu; en- core un poète qui meurt en se révélant. Nulle époque n'a dévoré tant de jeunes âmes qui ne pouvaient plus vivre avec leurs corps ; âmes d'anges, étincelles de Dieu ; corps terrestres saturés de misères et de souffrances. L'une est remontée vers sa p a t r i e , l'autre est restée sur la sienne. Quel- ques jeunes gens pleurent un a m i ; quelques ouvriers, que les chants du poète aidaient à souffrir, regrettent leur chansonnier, et voilà tout. Demain une autre mort prématurée , un suicide peut-être, viendront nous déceler encore un talent étouffé sous notre civilisation et nos lois, quittant le monde qu'il n'a pas c o m p r i s , oiseau blessé qui chante en t o m b a n t , et demain on aura oublié tout ce qui passait hier, talens et suicides , poésie et trépas. Philippe Jannot naquit à Bourg, sur les bords de la Reyssouse, ruisseau charmant qui coule au travers de belles prairies , sous des saules verts , mais qui baigne aussi l'hôpital et le cimetière ; le jeune bressan vint à Lyon, la ville de soie et d'argent, de haillons et de pauvreté ; il était pauvre aussi, et quand il eut dé- voré toute sa part de la misère qui décolore et tue notre pauvre peuple lyonnais, quand le travail eut bien endolori son c o r p s , il retourna aux bras de sa vieille m è r e , aux bords de la Reyssouse,,