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303 tièlle aux vers français , que la quantité aux vers grecs et latins. Je ne sais si le mot de ménage ne vous paraîtpas aussi un peu fami- lier, dans un style élevé comme celui de l'auteur. Il exprime bien ce qu'il veut dire , mais peut-être ne l'exprime-t-il pas aussi noble- ment que le reste est exprimé; car il faut convenir que tout y est d'une élégance et d'une noblesse qui ne laisse rien à désirer. (1) » La lettre même de Rousseau dut flatter Racine, et le flatta, en effet, comme nous allons le voir : « BROSSETTE A ROUSSEAU. L y o n , 28 novembre 1731. — J'ai remis à M. Racine la lettre que vous m'avez adressée pour lui. Vous n e sauriez croire ^ monsieur, combien il a été sensible aux marques d'estime que vous lui donnez , et à l'approbation que vous don- nez aussi, tant à son poème de la Grâce qu'à celui de lu Religion. Il a grand regret de ne pas être à portée de vous consulter sur ce dernier ouvrage ; car il vous regarde, non-seulement comme le plus grand poète de notre t e m p s , mais encore comme un juge très-exact et très-éclairé. « Le dernier mot de ce vers : L'ennemi Tient ; tous deux défendent leur ménage, m'avait déjà paru indigne de trouver place dans un poème égale- ment sublime et par le sujet, et par le style. M. Racine l'avait senti tout le premier. Il justifie pourtant ce mot par le sens figuré auquel il l'a employé. A l'égard des rimes de canaux avec rameaux? et d'industrieux avec merveilleuv, il convient que les deux pre- mières n e sont pas excellentes, quoique le son en soit absolu- ment le même pour l'oreille, mais il a de la peine à se rendre sur les deux dernières, dont le son est fort a p p r o c h a n t , s'il n'est parfaitement conforme ; e t , pour confirmer son sentiment, il m'a cité s u r - l e - c h a m p , deux vers de M. Racine , son p è r e , dans Mithridate : Pharnace ira, s'il veut, se faire craindre ailleurs ; Mais vous ne savez pas encore tous vos malheurs, dont la rime est encore moins exacte que celle de merveilleux et industrieux. Au r e s t e , il doit vous écrire lui-même pour sa dé- fense....» (2) (1) Lettres de Rousseau, etc., tom. III, pag. 195. (2) Lettres de Rousseau, tom. III, pag. 202.