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les ligueurs de l'époque. Ne vous fiez pas à leur figure calme et
s è c h e ; des passions ardentes bouillonnent sous leur cerveau. Ce
sont des fanatiques. La restauration fut le temps de leurs joies
les plus vives. Les missionnaires, les processions, l'association
de saint Joseph., servaient d'aliment à leur activité bigote. Au-
jourd'hui la France est une moderne Babylone ; ils pleurent
 'abaissement de l'église, et Dieu sait ce que rêvent en projets
 et en désirs leur exaltation religieuse.
    Je viens de parler de. la partie dévote de Bellecour, il me reste
â faire connaître maintenant la partie exclusivement mondaine \
celle-ci est bien moins tranchée dans sa physionomie. Ses m e m -
bres n'ont point cette roideur puritaine et exclusive de principe.
Je ne sais même si je dois leur en attribuer d'autre que le désir
de jouir de leur fortune et de leur position sociale. Les intérêts
de société absorbent toute leur existence. Après la révolution de
juillet, tandis que leur caste se tenait à l'écart, boudant et s'abs-
t e n a n t j eux ne furent pas de force à résister à la séduction d'une
pirouette. Que ce fût M. de Brosses ou M. Gasparin , un royaliste
pur ou le fils d'un régicide, qui les conviât à des réunions brillan-
tes, le titre et le lieu faisaient passer sur la qualité du person-
nage. La préfecture, comme salle de b a l , c o m m e sanctuaire de
 société, leur était inféodée depuis bien des a n n é e s , et peut-être,
 ainsi que ces probités à conscience facile qui disent : On peut
 rester honnête homme parmi les fripons, voulaient ils rester blancs
 au milieu des trois couleurs? L'épreuve était par trop i m p r u -
 dente. Je ne voudrais pas affirmer que bien des dévoûmens r o y a -
 listes ne se soient fondus à la chaleur des quinquets de b a l , ear
 le juste-milieu compte aujourd'ui des adeptes même à Bellecour.
     Comme la noblesse d é v o t e , ils passent une grande partie de
  l'année à la campagne. Cependant ils arrivent plus tôt et partent
  plus tard. Les premières et les dernières soirées d'hiver les sur"
  prennent toujours à L y o n , et on les rencontre aussi souvent
  dans les salons de la rue Royale que dans ceux de Bellecour.
  Leurs prétentions à i'élégance et à la somptuosité est incroyable.
  J'ai entendu citer des jeunes gens pour avoir dépensé cinq cents
  francs à l'achat d'un simple gilet.
    Du reste , s'ils font usage de leur fortune , ils sont habiles Ã