Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 264
milieu de toutes ces ruines, comme les vers dans la poussière
d'un cadavre, est presque aussi sauvage, aussi égoïste,'aussi
ignorante qu'à son origine ? Serait-elle placée là pour donner un
ironique démenti aux prétentions à la perfectibilité : Est-ce
pour confondre notre orgueil et nous apprendre que l'humanité
flotte sans e s p o i r , éternellement ballotée par les siècles et les
révolutions, sur une mer sans rivage , tantôt portée en a v a n t ,
tantôt repoussée en arrière par ses flots inconstans ? Avant de
nous livrer à ces désespérantes croyances et d'éteindre en nos
cœurs le peu de foi qui nous reste, voyons si chacune des gran-
des crises qui ont fait époque dans l'histoire du monde n'ont
rien laissé après e l l e s , et si en analysant cette fraction presque
imperceptible de la société que nous avons sous les y e u x , nous
n'en retrouverons pas quelques traces . aussi bien que nous en
avons trouvé sur le sol. Certes , si en ne la considérant que
comme un seul être, elle nous a paru mauvaise dans son ensemble,
elle n'en recèle pas moins dans son sein des individus bons et
 estimables. Elle compte des hommes savans et modestes qui
 poursuivent avec une énergique persévérance des études arides;
 des esprits pleins d'amour pour-la justice et l'ordre, de jeunes
imaginations s'échauffant avec transport aux nobles inspirations
 des a r t s , des cœurs imbus des saintes doctrines de la fraternité
 et de l'égalité, et que font battre de touchantes et nobles sym-
 pathies. Ne sont-ce pas là les élémens du plus bel avenir ! Laissez-
 les s'harmoniser entre eux et se combiner avec tout ce que les
 siècles écoulés ont déposé dans le sein de la société actuelle,
 de force, de science et d'amour et espérez ! car les œuvres ac-
 complies ne doivent pas être perdues , et l'avenir doit s'enrichir
 du passé.

                                           César BERTHOLON.