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258 En abaissant vos regards , le spectacle change brusquement; Au lieu de cet aspect si grand, si poétique, vous voyez s'élen. dre un rideau monotone de coteaux plantés de vignes et couverts de petites maisons blanches semblables à des sépulcres ; puis succède un délicieux paysage. Avec quel abandon l'œil suit à travers les prairies elles bouquets d'arbres qui les ombragent, les harmonieuses sinuosités du Dolezon et de la Borne ; trois riantes vallées chargées de moissons et de fleurs se pressent comme de fraîches villageoises aux portes de la ville pour offrir à ses habitans les productions de Teur fertile sol ; enfin, positi- vement au-dessous de vos pieds , sur le revers oriental du mont Auis, le Puy se déploie comme un vaste manteau de diverses pièces , et dont les extrémités inégales reposent négligemment sur la plaine. A votre droite, s'élève du fond de la vallée, à deux cent soixante-cinq pieds au-dessus du sol, un rocher isolé, semblable à un obélisque colossal ; autrefois il était couronné par un temple consacré à Mercure, aujourd'hui remplacé par une cha- pelle sous l'invocation de saint Michel, et où les habitans des environs viennent en pèlerinage une fois par année , le 30 sep- tembre. J'ignore ce que vous éprouverez en contemplant cette masse à la forme luxorienne et terminée par un clocher. Pour moi, dans la disposition où je me trouvais , il me fut impossible d'y rien trouver de religieux -, elle m'inspira les vers suivans : De ton antique chapelle La cloche en vain nous appelle ; Michel, que fais-tu là -haut? Malgré toi, sur notre tête , Depuis long-temps la tempête Souffle le froid et le chaud. Pour veiller sur cette ville , Bon saint, du céleste asile En vain tu t'es arraché ; Sur cette cime pointue , En sentinelle perdue, Hélas ! tu restes perché.