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  Manche après la fêle de St-Denis; comme le temps fut très
 beau cette journée-là, la quantité de personnes qui y furent
 étoit si grande qu'il est impossible de les nombrer.
     On y conduit ordinairement des denrées de la ville et du faux-
 b o u r g , et des vins des villages voisins d e celui-là , chacun y peut
 boire et manger selon ses moyens et sa nécessité ; cependant
 on a remarqué que depuis longtemps on n'a pas vu retirer le
 peuple si tranquille et moins pris de vin que ce jour-là.
     Un grand nombre de personnes étoient déjà rentrées dans la
 ville et les autres arrivoient continuellement, quand la nuit
 Commençant de s'approcher , quelques personnes mal avisées
 fermèrent la barrière qui est à l'entrée de la ville près du corps s
 de-garde, à dessein, dit-on, de faire contribuer ceux qui reste-
roient le plus tard en arrière , c'est-à-dire, après l'heure ordi-
naire que l'on a coutume de fermer la porte. Le nombre des
 p e r s o n n e s , qui furent arrêtez par cette barrière étoit très consi-
 dérable , et s'augmentoit toujours par ceux qui arrivoient inces-
 sament et à la hâte. Il survint dans ce moment un carrosse, qui
 n e pouvoit passer sans ouvrir cette barrière ; au m o m e n t qu'elle
fut o u v e r t e , chacun se pressa d'entrer à dessein de se retirer
dans sa maison, mais malheureusement la plûspart n'eurent pas
c e b o n h e u r , car quelques uns étant tombez par accident ou
a u t r e m e n t , ils ne purent être relevez, bien au c o n t r a i r e , les
autres arrivant sans cesse leur tombèrent dessus ; mais en si
grande quantité, qu'il leur était impossible d'avancer ny de
r e c u l e r , beaucoup d'autres restèrent tout d r o i t , et si étroite-
ment pressez qu'ils ne pouvaient aucunement r e m u e r , ni res-
pirer , de sorte que t r n t de ceux qui étoient dessous , il y en eut
près de trois cens d'étoufFez, Plusieurs personnes assurent que
c'est un coup prémédité, parce qu'en premier lieu la barrière
demeura long-tems fermée , et pendant ce tems-là des certaines
personnes pilloient tout ce qu'ils atrapoient. Ceux qui eurent le
bonheur d'éviter la mort perdirent leurs chapeaux, perruques ,
cravates et canes, leur argent leur fut volé dans leur poche , et
on les emportent presque tous demis-morts. Les femmes perdi-
rent leurs coëffures, leurs chaînes, colliers et collans, leurs
bagues leur furent arrachées des doigts , leurs pendailles, leurs