page suivante »
198
« qu'Agrippa^ fils d'Aristobule, meurtrier de son père, réduit à la
« misère et fugitif par crainte de ses créanciers , soit revenu dans
« sa patrie revêtu de la dignité r o y a l e , tandis que toi , Hérode ,
« fils d'un roi et destiné au trône , tu vis oisif et dans une hon-
« teuse obscurité ;
5° « Si jusqu'à ce jour tu as passé ta vie dans une dignité bien
« inférieure à celle de ton père , pense dorénavant à te relever
« de cet é t a t , et à égaler au moins en rang celui qui jadis te
« fut fort inférieur et qui courait après la fortune ;
6° « Ce serait de ta part une lâcheté , de laisser croire que
« mon frère ait eu plus de talens et d'industrie, malgré sa pau-
« vreté , que toi au sein des richesses ;
7° « Partons donc tous deux pour Rome , et n'épargnons ni or,
« ni peine, ni démarches pour obtenir aussi une couronne. »
Hérode qui aimait le repos et qui avait peu de confiance dans
les affaires de l'empire romain , fit tout ce qu'il put pour détour-
ner sa femme de ses projets ;
8° Hérodiade au contraire ne le pressait que plus encore de
les mettre à execution; elle fit t a n t , qu'elle le décida enfin à partir
pour Rome. Hérode fit de somptueux préparatifs d'argent et de
présens, et il s'embarqua avec Hérodiade ;
9° Agrippa , instruit de leur dessein , se disposa à y apporter
des obstacles. Dès qu'il sut qu'ils avaient mis à la voile , il dépê-
cha Fortunat, son ministre, Vers l'empereur Caligula avec des
présens magnifiques, des lettres contre son beau-frère, et des
instructions particulières pour traiter plus amplement cette
affaire ;
10° Fortunat suivit de près Hérode, et fit si grande diligence,
qu'à peine celui-ci eût-il obtenu sa première audience de l'empe-
r e u r , que Fortunat entra au Palais et remit ses lettres au prince ;
11° Caligula était en ce moment à Baies, petite ville de la Cam-
panie, éloignée de Pouzzoles d'environ cinq stades. On y voyait
dé somptueux édifices, car chaque empereur y en faisait bâtir ; les
princes y étaient attirés par les plaisirs , par la beauté de la cam-
p a g n e , et p a r l e s bains d'eaux minérales chaudes qui sourdaient
de toute part du sol, et qui étaient très-salutaires pour la santé ;
12° Caligula ayant lu les lettres d'Agrippa par lesquelles i l