page suivante »
196 que Gallice à Deodatus, Gallium deo reddidit, est un peu trop brillant pour un ouvrage dans lequel la simplicité doit régner partout. Je ne parle point de Domavit, que vous avez corrigé. A l'égard des autres poésies latines que vous m'avez fait l'hon- neur de m'adresser par notre Académie , je suis persuadé que quand vous les relirez, vous y apercevrez quelques négligences qui vous sont echapées dans le feu et dans la rapidité de la composi- tion. Par e x e m p l e , dans la fable du Renard et du Buste, que direz-vous de ce vers: Exlernam speciem; effatum applicat illis, dans lequel vous n'avez point pris garde aux deux élisions qui se font dans la dernière sillabe des mots speciem et effatum. Car je suppose que vous savez que la lettre M. s'élide à la fin d'un m o t , quand elle est suivie d'une voielle au commencement du mot suivant. De sorte que votre vers n'a que cinq pieds, au lieu de six. Dans VUmbra SantoUi vous dites vers la fin : Atque académies dominos. Ou avez vous trouvé que la pénultième sillabe d'Aca- demia , soit longue ? Dans la traduction du passage du Rhin , que vous intitulez d'une manière peu latine, Transitas adBhenum , vous commencez le dixième vers ainsi : Cepit et Rimbergi, fai- sant un dactyle de Cepit et, quoique cette particule et soit sui- vie d'une consone. D'ailleurs votre copiste a écrit cÅ“pil, pour cepit; et il a bien fait d'autres fautes qui ne sont pas sur votre compte. Je passe à la fable du Rat hermile (1), où dans le 9 e vers vous faites brève la première sillabe de mui'ium, quoique dans le 16. e vous fassiez longue cette même sillabe dans m ire. Je ne parle pas des fautes contre la latinité, comme celle-ci dans la même fable : Vos deus aime juvet, et quantité d'autres , que vous corrigerez aisément quand vous en voudrez prendre la peine. Tous avez souhailéque je vous disse m o n s e n t i m e n t , e t je le fais avec cette franchise que les amis sincères se doivent les uns aux autres. Permettez-moi d'ajouter à cette qualité les assurances de l'attachement respectueux avec lequel je s u i s , m o n s i e u r , votre très humble et très obéissant serviteur. BROSSETÃE. A Lion ce 16 janvier 1710. (1) Cettefable, en vers latins, se trouve dans le tom. III, des OEUVRES de Gacon, aux manuscrits de la Bibliothèque de cette ville ; elle est intitulée : Mus IN CASEO ; c'est la traduction d'une fable de La Fontaine. C.