page suivante »
190 Quand je n'aurois pas connu vos lalens pour la poésie comme je les connois, cette pièce seule auroit été suffisante pour me don- ner de vous l'idée la plus avantageuse. Vous y parlez non seule- ment comme un excellent p o ë t e , mais encore comme un très- honnête-homme, rempli de sentimens n o b l e s , grands et pieux. En un mot, l'ouvrage m'a paru digne du sujet que vous y traitez , digne de l'Académie, et de vous-même. Je ne suis donc point surpris qu'il ait été récompensé des suffrages publics. Mais l'Aca- d é m i e , ne s'est acquitée envers v o u s , monsieur, que de la moi- tié de ses obligations. La seconde Ode que vous lui avez p r é - sentée en forme de remercîment , doit engager cet illustre corps à vous marquer sa reconnoissance, par une adoption qui lui fera honneur aussi bien qu'à vous. On a annoncé ici une autre ode de votre façon, adressée à monsieur le maréchal de Villeroy, et la manière avantageuse dont j'en ai oui p a r l e r , m'a donné une grande envie de la voir. Je ne doute p a s , m o n s i e u r , que vous ne la rendiez publique , mais quand cela ne seroit pas , j'es- père que vous voudrez bien en régaler vos amis particuliers. Je n'ai rien de pareil à vous offrir : vous savez combien la province est stérile en ouvrages d'esprit, et il seroit bien difficile d'en trouver même à Paris , qui pussent payer les vôtres. Mes libraires vont travailler à une seconde édition des œuvres de feu M. Des- preaux. Elle sera beaucoup plus parfaite que la p r e m i è r e , et je serai en pouvoir de vous en offrir un exemplaire. Donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, et soyez persuadé de la reconnois- sance avec laquelle je les recevrai, aussi bien que de l'attache- ment sincère avec lequel j'ai l'honneur d'estre , monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. BROSSETTE. À Lion ce 21 septembre 1717.