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leur voix rauque et cassée, pour leurs témoignages [vermoulus ,
pour que je veuille leur jeter le g a n t , e t opposer à leurs vieilles
et patriotiques prétentions mes remarques sur le style et le
genre qu'on admire dans l'église de Brou. Ainsi donc cette ques-
tion r e s t e r a , avec bien d'autres questions insolubles à l'homme ,
mais plus i m p o r t a n t e s , enfouie dans les mystères d u p a s s e .
   Quel qu'ait été le directeur des travaux et de la construction
de l'église de Brou, il n'en est pas moins vrai que Conrad Meyt,
chef des imagiers, a sculpté ea entier la statue qui représente le
prince m o r t , et qu'il a terminé celle qui le représente v i v a n t ,
d'après la première ébauche de Gilles Vamhelli. Des six Génies
groupés autour du p r i n c e , les deux qui sont à la tête, et celui
qui tient le casque, sont de Benoît de Serins; Gonoffre Campi"
togli est auteur des trois autres. Thomas Meyt a fait les deux qui
sont aux pieds de la princesse. Jean de Louan a surtout travaillé
à la chapelle de Marguerite d'Autriche. Jean Rollin, Aimé le
Picard, Aimé le Carré, ont sculpté un grand nombre de figures...
Mais qu'importe que je jette au siècle qui vit et qui passe , ces
noms d'artistes d'un siècle qui a vécu et qui a passé ? Les an-
nées ont été écrasées par les années, et dans l'abîme où s'est
écoulé le t o r r e n t , l e s noms q u i , jusque-là , avaient surnagé ont
été engloutis avec des noms inconnus. Les œuvres seules du
siècle sont restées ; elles disent assez qu'il fut glorieux et riche
de poésie; et leur voix, qui s'élève contre les détracteurs du
temps de François I e r , est un témoignage de plus en faveur d'une
gloire que les efforts de chaque instant cherchent à détruire.
Honneur au siècle vierge dont les essais ont été des coups de
m a î t r e , et qui peut opposer à ses ennemis la grandeur de ses
travaux! Honneur au siècle qui s'est fait lui-même , et qui n'a
point usé en inutiles imitations toute la force de jeunesse qui
 coulait dans ses veines !
   Quelle serait votre admiration s'il nous était parvenu i n t a c t ,
ce monument de nos beaux-arts , si le marteau révolutionnaire
 n'avait osé détruire en quelques endroits la symétrique harmo-
nie de ses formes ^ si des mains sacrilèges n'avaient altéré leur
 délicieuse et ravissante beauté ! Voyageur, dans cette enceinte
 qui brille encore blanche et luisante, des générations se sont