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18.6 leur voix rauque et cassée, pour leurs témoignages [vermoulus , pour que je veuille leur jeter le g a n t , e t opposer à leurs vieilles et patriotiques prétentions mes remarques sur le style et le genre qu'on admire dans l'église de Brou. Ainsi donc cette ques- tion r e s t e r a , avec bien d'autres questions insolubles à l'homme , mais plus i m p o r t a n t e s , enfouie dans les mystères d u p a s s e . Quel qu'ait été le directeur des travaux et de la construction de l'église de Brou, il n'en est pas moins vrai que Conrad Meyt, chef des imagiers, a sculpté ea entier la statue qui représente le prince m o r t , et qu'il a terminé celle qui le représente v i v a n t , d'après la première ébauche de Gilles Vamhelli. Des six Génies groupés autour du p r i n c e , les deux qui sont à la tête, et celui qui tient le casque, sont de Benoît de Serins; Gonoffre Campi" togli est auteur des trois autres. Thomas Meyt a fait les deux qui sont aux pieds de la princesse. Jean de Louan a surtout travaillé à la chapelle de Marguerite d'Autriche. Jean Rollin, Aimé le Picard, Aimé le Carré, ont sculpté un grand nombre de figures... Mais qu'importe que je jette au siècle qui vit et qui passe , ces noms d'artistes d'un siècle qui a vécu et qui a passé ? Les an- nées ont été écrasées par les années, et dans l'abîme où s'est écoulé le t o r r e n t , l e s noms q u i , jusque-là , avaient surnagé ont été engloutis avec des noms inconnus. Les œuvres seules du siècle sont restées ; elles disent assez qu'il fut glorieux et riche de poésie; et leur voix, qui s'élève contre les détracteurs du temps de François I e r , est un témoignage de plus en faveur d'une gloire que les efforts de chaque instant cherchent à détruire. Honneur au siècle vierge dont les essais ont été des coups de m a î t r e , et qui peut opposer à ses ennemis la grandeur de ses travaux! Honneur au siècle qui s'est fait lui-même , et qui n'a point usé en inutiles imitations toute la force de jeunesse qui coulait dans ses veines ! Quelle serait votre admiration s'il nous était parvenu i n t a c t , ce monument de nos beaux-arts , si le marteau révolutionnaire n'avait osé détruire en quelques endroits la symétrique harmo- nie de ses formes ^ si des mains sacrilèges n'avaient altéré leur délicieuse et ravissante beauté ! Voyageur, dans cette enceinte qui brille encore blanche et luisante, des générations se sont