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186 Sur l'oreiller la tête du malade râlant, il devient triste et rêveur, et, la tête haute, il semble le veiller. Voyez encore! A l'extrémité du pompeux appartement une femme est à ge- noux, jeune et d'une taille svelte; un long voile tombe de son front; devant elle est une image de la Vierge. Elle prie, elle pleure ; ses prières et ses sanglots se confon- dent, ses prières douces et naïves comme son âme ; car elle disait en larmoyant : « 0 tant douce et compatissante vierge Marie, oncques il n'a « été dit qu'aucun sur la terre ait imploré vainement votre aide •• et assistance ; oncques vous n'avez délaissé dans les larmes « celui qui pleurait à vos pieds : je vous invoque donc aujour- « d'hui avee grande confiance , et vous supplie qu'il vous plaise « rétablir en santé et joie parfaite mon royal et bien-aimé « époux ; et je vous promets , ô douce Vierge, de vous faire bâtir « un bel oratoire, où vous seront chantés vêpres et litanies, et « seront récitées maintes prières en votre honneur. » Un mois après Philippe de Safbie se promenait dans ses vastes jardins ; sa main serrait la main? de sa belle épouse, et Rodolphe , le fidèle lévrier , bondissait d'aise à ses côtés. III. Son vœu fut exaucé ; mais elle ne put l'accomplir; la mort la surprit avant son époux, et en 1483, décéda au château du Pont- d'Ain , Marguerite de Bourbon, laquelle Philippe II avait épousée., en nopees légitimes, par contrat de mariage du 6 janvier 1471. Philippe lui-même ne put exécuter les intentions de sa défunte femme, mais par un acte fait à Bourg, le 7 mai 1483, il fit à Bertrand de Leuas, prieur de Brou, une donation de 200 florins de rente, et renouvela le vœu de fonder une église, en son tes- tament ainsi conçu : « Voulons et ordonnous être enseveli en « l'église de Brou, en notre chapelle, laquelle , par la grâce de « Dieu, avons proposé y faire édifier et construire , en l'honneur « de notre Créateur, de sa glorieuse Mère^ du nom et domina- « tion de M. Saint-Marc l'évangéliste, et d'y fonder une religion