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 à-dire qu'il était sans principe religieux , et qu'il était porteur d'un
 cœur sec et vide. Une chaise attelée de deux chevaux se présente,
 (il y a é c o n o m i e , mais c'est un négociant) et malgré ses cris,
 la Venvs est hissée on ne sait comment dans la voiture qui l'em-
 mène-à Marseille.
      Enfin, arrive un ami de Décius qui tue d'abord le gentilhomme
   de la Camargue, ensuite le père et l'épicier en gros ; il délivre
   la Venvs qui retourne à la maison paternelle où ne l'attendait
   plus la férocité. Et c'est à bord du paquebot à vapeur qu'elle
   raconte au chevalier Bard tout ce que je viens de vous dire ,
  avec une voix ciselée et des yeux qu'on ne peut faire passer dans
  un livre comme une citation. Ils visitent Nîmes e n s e m b l e , et
  surtout les antiquités. L'amphithéâtre est exploré scrupuleuse-
  ment ; les pissoirs et les vomitoires, dont leur guide avait fait une
  étude approfondie, attirent leur attention.
     Ici je rends la parole à M. Joseph Bard : « Il y a à Nîmes deux
  « hommes étonnans, M. Pelet et M. Reboul. M. Pelet fait de
  « petits monumens en liège, et Reboul est boulanger et poète ;
  « il a le cœur plus haut que la tour Magne, et est Hé de rap-
  « ports amicaux avec Lamartine. On peut être polype par la tête
  « et avoir beaucoup d'esprit au bout des doigts; mais il n'en est
  « pas ainsi de M. Pelet, il fait avec ses doigts ce que Reboul fait avec
  «son ame. » — H y a sans doute une malice dans le sens un
 peu obscur de cette phrase ; est-ce M. Pelet qui fait des vers avec
 ses doigts , ou Reboul qui fait des brioches avec son âme ? — En-
 fin, après avoir vu à Nîmes tout ce qu'il y a de curieux-à voir
 (lespissoirs elles vomiloires), l'honorable chevalier part avec la
 Venvs. d'Arles et la veuve accorte , qui n'a pas trouvé de nouveau
 cœur à inféoder à son cœur. Il les accompagne jusqu'au couvent
des Dames de la Visitation à-Charité-sur-Loire,       diocèse de Nëvers ,
département de la Nièvre, où Aurélia va ensevelir à tout jamais
ses sensations prédominantes qu'elle avait la naïveté de prendre
pour des senlimens, sa voix ciselée, etc., etc., enfin tous ses in-
croyables charmes.
    Maintenant nous laisserons le chevalier Bard aller seul à Ge-
n è v e , où il poursuit le cours de ses mystifications, et nous
reviendrons à sa préface qui va me servir de bouclier contre