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160 à -dire qu'il était sans principe religieux , et qu'il était porteur d'un cœur sec et vide. Une chaise attelée de deux chevaux se présente, (il y a é c o n o m i e , mais c'est un négociant) et malgré ses cris, la Venvs est hissée on ne sait comment dans la voiture qui l'em- mène-à Marseille. Enfin, arrive un ami de Décius qui tue d'abord le gentilhomme de la Camargue, ensuite le père et l'épicier en gros ; il délivre la Venvs qui retourne à la maison paternelle où ne l'attendait plus la férocité. Et c'est à bord du paquebot à vapeur qu'elle raconte au chevalier Bard tout ce que je viens de vous dire , avec une voix ciselée et des yeux qu'on ne peut faire passer dans un livre comme une citation. Ils visitent Nîmes e n s e m b l e , et surtout les antiquités. L'amphithéâtre est exploré scrupuleuse- ment ; les pissoirs et les vomitoires, dont leur guide avait fait une étude approfondie, attirent leur attention. Ici je rends la parole à M. Joseph Bard : « Il y a à Nîmes deux « hommes étonnans, M. Pelet et M. Reboul. M. Pelet fait de « petits monumens en liège, et Reboul est boulanger et poète ; « il a le cœur plus haut que la tour Magne, et est Hé de rap- « ports amicaux avec Lamartine. On peut être polype par la tête « et avoir beaucoup d'esprit au bout des doigts; mais il n'en est « pas ainsi de M. Pelet, il fait avec ses doigts ce que Reboul fait avec «son ame. » — H y a sans doute une malice dans le sens un peu obscur de cette phrase ; est-ce M. Pelet qui fait des vers avec ses doigts , ou Reboul qui fait des brioches avec son âme ? — En- fin, après avoir vu à Nîmes tout ce qu'il y a de curieux-à voir (lespissoirs elles vomiloires), l'honorable chevalier part avec la Venvs. d'Arles et la veuve accorte , qui n'a pas trouvé de nouveau cœur à inféoder à son cœur. Il les accompagne jusqu'au couvent des Dames de la Visitation à -Charité-sur-Loire, diocèse de Nëvers , département de la Nièvre, où Aurélia va ensevelir à tout jamais ses sensations prédominantes qu'elle avait la naïveté de prendre pour des senlimens, sa voix ciselée, etc., etc., enfin tous ses in- croyables charmes. Maintenant nous laisserons le chevalier Bard aller seul à Ge- n è v e , où il poursuit le cours de ses mystifications, et nous reviendrons à sa préface qui va me servir de bouclier contre