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157 « pastourelles; et je partis pour Vienne. Mais quel désapppinle- « ment ! ! » A en juger par cette petite malice, il paraîtrait que les dames de Vienne n'ont pas été fort gracieuses pour M. Joseph Bard ; il faut pourtant excepter une certaine blonde.... Mais aussi quand on a rêvé une femme comme celle dont il nous donne le p o r t r a i t , comment trouver quelque chose qui puisse lutter avec une telle création ! « J'ai r ê v é , nous dit-il, une femme-modèlel je l'ai rêvée sous « les jardins frais de la Belgique , je l'ai rêvée sous les orangers « du midi ; je l'ai rêvée sur les flots étincelans de la Méditerra- « née : je l'ai rêvée en des rêves délicieux désintéressés et élégia- « ques\ « J'ai cherché long-temps la fille qui eût un cœur de lait et de « manne! la fdle à l'œil vif, amoureux, b r û l a n t , et pourtant ten- « d r e , mélancolique et suave; aux lèvres fraîches , pures , par- . « fumées, à l'âme d o u c e , vaste et aux traits magnifiques; à la « gorge palpitante, aux cheveux bien noirs , au caractère malléa- « ble, à l'esprit cultivé sans que l'amour-propre le sache, aux « sens impressionables, et pourtant soumis; la vierge qui serait « Corinne par l'intelligence , moins le Capiiole , et Delphine s par « le cœur, plus sobre de lettres que l'héroïne de Mme d e Staël. « J'ai cherché celte vierge qui unirait les formes et le feu des « femmes à 'Hespérie à la peau blanche et aux idées mystiques « des septentrionales, l'ardeur de la sensibilité italienne à la sen- « sation concentrique du sentiment écossais] » — Il est évident que ce portrait séduisant est une longue épigramme contre les fem- mes grecques marquées au type de Phidias, que le Constitutionnel a rêvées ; car il rêve aussi quelquefois. — « Je l'ai rêvée , je l'ai « c h e r c h é e , et je ne l'ai pas trouvée dans mon existence « d'hommel » Cette plaisanterie vient un peu tard ; existence d'homme, cœur de femme, etc., etc., tout cela ; est aussi rococo maintenant que l'Aurore aux doigts de roses; mais comme M. Joseph Bard nous a prévenus qu'il ne lisait rien, pas même les journaux, il ne faut pas s'étonner s'il ne s'est pas aperçu du progrès. Mais suivons-le dans sa recherche de la femme-modèle.