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150 prépare en ce moment, recevra elle-même tout son éclat des secours qui nous ont été si libéralement donnés. Un encouragement de cinq cents francs, destiné aux élèves de l'école normale , nous a été remis par M. le recteur, au nom de l'Uni- versité, et nous serons heureux de le distribuer aujourd'hui aux élèves qui se sont le plus distingués par leur assiduité et leur zèle. Les loges du Parfait Silence et d'Union et Confiance, si dignement représentées au milieu de nous, ont concouru aussi, comme les années précédentes, à augmenter l'émulation dans nos écoles, par le luxe des récompenses qu'elles nous ont permis d'offrir en leur nom. Et c'est ainsi que l'administration et les citoyens ont simultanément, par de nobles sacrifi- ces, stimulé l'ardeur du travail chez ces élèves de tout âge et de tout sexe qui se pressent dans cette enceinte. Qui sait si, un jour, le louable désir de sortir de l'obscurité qui l'enveloppe, ne fera pas jaillir du milieu de cette foule empressée, quelque génie que ce foyer de première instruction, si généreusement alimenté, aura fait écloro ? et quand il n'en serait rien , donner de bons citoyens à la France, former des hommes utiles et vertueux , n'est-ce pas encore servir la patrie ethâter la marche de la civilisation ? • • Messieurs, il y peu de jours, à cent-cinquante lieues de nous, au milieu d'une immense population rassemblée, l'aîné des Corneille recevait de sa ville natale un nouveau tribut d'admiration et de reconnaissance. Lui aussi étaitun homme obscur, sorti ignoré d'une des rues étroites et humides du vieux Rouen ; et aujourd'hui, la petite maison qui le vit naître est signalée au respect public, et j'ai vu le bron2e qui lui est érigé, s'asseoir sur son piédestal de granit, comme pour offrir une se- conde immortalité à ce génie qui, par ses travaux en avait su conquérir une pre- mière bien mieux assurée. De cette imposante cérémonie à la modeste solennitéqui TOUS rassemble, ne croyez pas que la distance soit si grande. A chaque mérite sa récompense! Au père de la tragédie française , le bronze et le granit, à nos élèves une simple couronne de feuillage , mais c'est toujours au nom de la patrie que ces prix sont distribués. Ah! sans doute, il n'est pas donné à tous de projeter sur elle un de ces rayons de gloire qui brilleront dans l'avenir le plus reculé ; mais tous , nous pouvons la servir, tous, dans l'étroite sphère où nous sommes renfermés, nous pouvons lui consacrer nos facultés, que par nos efforts nous avons pu rendre plus actives et plus fécondes. Il n'est pas nécessaire, pour être utile au pays, de jeter sur lui un vif éclat ; mais, ce qui vaut peut-être mieux encore , nous pouvons tous par notre assiduité au travail, par notre amour de l'oTdre , par notre respect pour les lois, contribuer à son bonheur et à sa prospérité.