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disles, qui voulurent faire d'une pierre trois coups,en diffamant la
sœur de leur antagoniste , en exhaussant leur bâtard de géomètre
jusqu'à cette famille noble, et en accrochant ce d'Alembert à la
soutane d'un cardinal, qui tonnait et fulminait contre le jansénisme,
le philosophisme et l'impiété, dans tous ses mandemens. Ce qu'il
y eut de plus étrange en tout ceci c'est que M. d'Alembert avait été
pendant deux ou trois a n s , la dupe de ses confrères en philoso-
phie; il ne doutait pas que cette pauvre Madame de Tencin ne
fût sa mère naturelle, et l'on avait été jusqu'à lui persuader que
son père devait être un certain chevalier de la Tombre, qui n'a
jamais été qu'un être de raison ,disaitFontenelle, etquela comtesse
de Tencin n'avait jamais v u , ni connu; dans tout les c a s , c'était
au point que d'Alembert finissait par se fâcher tout rouge et vou-
loir montrer les d e n t s , quand on parlait avec trop d'inconsidé-
ration devant l u i , non seulement de la Comtesse de Tencin,
 mais encore du Cardinal Archevêque de L y o n , qu'il adoptait
 pour son oncle, et ceci de la meilleure foi possible. Je vous as-
 sure que Voltaire en faisait souvent de bonnes moqueries et de
 beaux rires, chez ma cousine du Châtelet. Je reviendrai sur ce
chapitre-là. (1) » Tome 2 page 95.
   Dans le tome II d'un recueil manuscrit de la bibliothèque de
Lyon , Correspondance de M. l'abbé Tricaud, n° 628 , nous trou-
vons une anecdote qui peut bien aller à côté du chapitre que
l'on vient de lire ; elle est extraite de la seconde lettre.
   « Le cardinal de Bissy a mené pour conclaviste l'abbé de
Tensin. Ce choix a bien fait m u r m u r e r , cet abbé étant des plus
décriés. Je crois qu'il n'est parti que pour s'épargner la douleur
de se voir décrier en plein palais, pour un procès qu'il avait.
 Voici le fait. Le prieuré de Merlou , dépendant de son abbaye de
 Vezelay, ayant vaqué il y a quelques a n n é e s , il s'imagina qu'il y
 avait dans les archives de Vezelay une bulle de réunion de ce
bénéfice à sa mense abbatiale, et s'en mit en possession. Quelque
 temps après , pour plus de sûreté, il le donna à un de ses neveux,


   (1) Nous tenons de M. l'abbé Bonneyie, que l'on disait du temps du cardinal :
 TENCIN, QUI N'EST, PAS TENCIN (tant saint). Se non è vero, è bene trovato.
                                                       (NOTE DE L'ÉDITEUR. )