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qu'il faudrait éprouver, de sottises qu'il faudrait faire, et au
moyen desquelles il lui assurait > avant deux mois, une réputa-
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tion de salon et un parti décidé., toujours prêt-à le soutenir.
   Non, cria le poêle, en relevant la tête avec fierté, non ; l'obs-
curité, la misère! je les aime mieux que la bassesse ! je mourrai,
mais je ne ramperai pas.
   —- Tous êtes fou! vous êtes fou! criait à son tour l'ami qui s'é-
loignait... et à cinquante pas on eut pu l'entendre encore qui
disait en se retournant : vous êtes fou! Que faire? à qui m'adres-
ser? que devenir? Je sens qu'après avoir écrit on a besoin d'en-
tendre parler de soi ; oui, besoin, n'importe comme : une criti-
que amère est préférable au silence; une injustice déchire,. mais
une blessure sur un corps animé , c'est encore de la vie ; la dou-
leur , c'est quelque chose ; mais le silence pour un poète, c'est le
néant! le néant... déjà... et je n'ai pas vingt-cinq aus! Frappons
encore une fois! ce sera la dernière; ah! oui, bien la dernière !...
mais essayons encore.
   Il s'était dit cela, durant une longue nuit, sans sommeil, jeté sur
un lit où il s'était roulé, tourné, retourné cent fois avec douleur,
et le voilà dans un autre bureau, tête à tête avec un petit homme
qui écrit sur un gros livre. Il offre son ouvrage^ le petit homme
sourit; il parle, on l'écoute; il questionne, on répond avec poli-
 tesse. Iirespire enfin ; au moins il y met des formes, celui-là,
pense-t-il presque tout haut, tant cela l'étonné. — J'aurai donc
un article?— Quand vous voudrez, monsieur. — Je ne demande
pas des éloges outrés, mais je débute à Paris, j'ai besoin d'en-
couragemens, vous comprenez... — Très-bien. — Daignerez-
vous , monsieur, vous charger de mon article? — Moi... non ;ce
n'est pas ma partie; vous avez bien un ami... — Je ne conuais
personne. — Àlors> si vous le faisiez vous-même...—Quoi! ren-
dre compte de mon propre ouvrage? — Pourquoi pas ? on se juge
toujours très-bien ; et puis qui vous comprendra mieux , qui ex-
pliquera mieux vos pensées que vous-même? Voulez-vous que je
vous le dise ? na ami ou vous, c'est le seul moyen d'être traité
comme vous l'entendez , et je vous avouerai que cela ne se fai
pas autrement. —Il se pourrait! — Je veux bien vous en instruire,
parce que vous entrez, dans le métier; mais silence...