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21 Les fréquentes pluyes du moys de janvier et la quantité de neige qui tomba dans les premiers jours de février mil sept cent onze, ayant donné lieu à une crue assez considérable du Rhône et de la Saône, le Rhône s'eslant trouvé supérieur parce qu'il estoit le plus enflé, il fit estendre la Saône considérablement le mercredy onzième du dit moys de février. Et le dimanche , peu de jours après, quoyque lentement parce que le Rhône décroissait de même, mais à peine put-on s'aperce- voir de ce changement, qu'une fonte subite des neiges qui estaient sur les montagnes qui dominent cette province, causée par un coup de vent très chaud et par une pluye assez grande du ven- dredy, vingtième du même moys, donna lieu à un nouveau débordement des eaux de ces deux rivières qui croissaient à vue d'oeil, et qui augmenta jusqu'au jeudy suivant, vingt six février. Le Rhône s'estant soutenu dans toute son étendue et son éléva- tion jusques dans la nuit du mercredy au jeudy, et la Saône n'ayant commencé à diminuer que vingt quatre heures après. Il serait assez difficile de bien décrire , toutes les circonstances d'une inondation si extraordinaire et si prodigieuse, ny tous les maux qu'elle a produits, tant en cette ville que dans la campagne ; il suffira de rapporter que les plus grandes inondations dont les historiens nous ayent conservé des mémoires dans l'histoire par- ticulière de cette ville, sont bien inférieures à celles du moys de février dernier, puisque celles arrivées dans les années cinq cent quatre vingt douze, mit cinq cent soixante dix, et mil six cent deux, ne nous apprennent la jonction du Rhône et de la Saône que dans la plac e des Jacobins, et qu'il a été reconnu par l'ins- cription qui est placée sur la face de la seconde maison du quay en allant du pont de Saint-Vincent à Saint-Benoit, et qui fait mention de la hauteur des eaux en mil six cent deux, que celles de cette année, l'ont passé d'environ deux pieds , quoyqu'il soit constant que le pavé de la ville a esté élevé de plus de sept pieds depuis ce temps là . En effet le Rhône se repandit dans la grande rue de l'Hôpital jusqu'à la maison de la dame de Butery, où pend pour enseigue le Petit St-Jean au clései'l. Dans la rue Confort jusqu'à la maison appartenant à l'Hôtel-