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SOCIÉTÉS SAVANTES 44° Séance du n juin. — Dans son rapport général sur les travaux de la session des Sociétés des Beaux-Arts, M. Henri Jouirj, secrétaire généra! du Comité, s'est exprimé de la manière suivante, sur le travail de notre compatriote, M. Charvet : « M. Charvet, membre non résident du Comité à Lyon, a entrepris de démêler la généalogie et l'histoire des Delatnonce. C'était faire œuvre d'artiste, de critique, d'historien et de patriote Lecroiriez-vous? Des. écrivains distraits ont attribué à un seul maître du nom de Delamonce des monuments d'architecture, des toiles ou des dessins visiblement exécutés par deux artistes, sinon par un plus grand nombre. Tout d'abord, il y avait lieu d'établir l'état civil des Delamonce. M. Charvet y est parvenu. Jean; né en 1635,.est à la fois architecte, peintre et dessinateur. Il vit jusqu'en 1708. Ferdinand, fils de Jean, né en 1678, meurt en 1753. A ces deux artistes s'en ajoute un troisième, Rémond, dont le degré de parenté avec ses contemporains n'est pas encore bien établi. Mais j'ai dit que M. Charvet avait fait œuvre de critique. Ce qu'il nous a confié sur les travaux de Jean Delamonce qu'il accompagne à Munich, sur les ouvrages de Ferdinand qui séjourne en Italie, et que Soufflot prend à son retour en France, sous son précieux patronage, permet d'apprécier le talent inégal des deux maîtres. L'étude de M, Charvet se distingue, d'ailleurs, par une extrême circonspection. Si l'auteur blâme Pernetti d'avoir tout confondu lors- qu'il a traité des Delamonce, M. Charvet se défend de rien avancer dont il ne soit assuré. Parfois, en l'écoutant, nous l'estimions trop réservé dans ses conclusions. C'est un signe de sagesse chez un histo- rien lorsque son lecteur a des velléités de presser le pas et de devancer son guide. Le lecteur n'a de pareils caprices que dans la mesure où le terrain lui apparaît solide, nivelé, sans buissons ni fondrières et bien éclairé. La partie défrichée de l'histoire des Delamonce a tous les caractères d'un sol ferme ej uni. Or, cette appréciation s'applique non pas seulement à la biographie des Delamonce, mais à leurs œuvres relevées avec soin, réparties d'aptes des preuves sérieuses, et jugées avec goût. Le célèbre littérateur écossais, Hugues BJair, très goûté du public d'Edimbourg, se permit un jour ce trait d'esprit : « Mettez une forte dose d'attention unie à une dose égale de patience dans la tête d'un homme appliqué à la solution d'un problème, neuf fois sur dix, il découvrira ce qu'il cherche. » M. Charvet donne raison au spirituel humaniste d'Edimbourg. Et comme la dose d'attention et de patience