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                         EN   OISANS
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et continue à descendre tout droit ; bientôt il ne tient plus
que par le bout des doigts, et je n'aperçois que le dôme de
son chapeau phénoménal.
   « — Y êtes-vous ?
   « — Non! me répond-il, donnez de la corde. »
   Roderon a parlé, ça devient grave.
   « — De la corde ? mais je n'en ai plus.
   « — Alors... avancez? »
   Je fais signe à Turc de se rapprocher, et je puis m'avancer
jusqu'au bord, mais plus nous rendons la corde, plus
Roderon nous en demande.
   « — Mais où vas-tu donc, crie Turc qui s'aperçoit de
l'erreur.
   « — Donnez toujours ! donnez toujours.
    « — Animal ! tu t'es trompé : veux-tu bien remonter ! »
On entend la voix de Gaspard qui arrive à la rescousse.
    « — Eh bien Roderon, où es-tu ? » et les injures de
 pleuvoir sur l'invisible Roderon, dont la voix étranglée
 semble sortir du fond de la vallée.
    « — Veux-tu revenir, canaille, et rapidement ?
    « — Mais j'y suis presque, donnez encore un peu de
 corde ?
    « — Il est têtu, tout de même ! Roderon, si tu ne
remontes pas je coupe la corde ! » crie Gaspard d'une voix
 tonnante.
   Aussitôt on voit réapparaître l'infortuné chapeau qui se
hisse aussi vite qu'il peut. Gaspard alors fait retentir la plus
verte semonce que oncques redirent les échos de la Meije...
 « Et marche droit, vilaine bête, et si tu bronches je te
 « détache. »
    Ahuri des malédictions du Grand Chef, Roderon s'ap-
 plique à ne plus broncher, aussi on ne le détache pas.