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EN OISANS 194 ' et continue à descendre tout droit ; bientôt il ne tient plus que par le bout des doigts, et je n'aperçois que le dôme de son chapeau phénoménal. « — Y êtes-vous ? « — Non! me répond-il, donnez de la corde. » Roderon a parlé, ça devient grave. « — De la corde ? mais je n'en ai plus. « — Alors... avancez? » Je fais signe à Turc de se rapprocher, et je puis m'avancer jusqu'au bord, mais plus nous rendons la corde, plus Roderon nous en demande. « — Mais où vas-tu donc, crie Turc qui s'aperçoit de l'erreur. « — Donnez toujours ! donnez toujours. « — Animal ! tu t'es trompé : veux-tu bien remonter ! » On entend la voix de Gaspard qui arrive à la rescousse. « — Eh bien Roderon, où es-tu ? » et les injures de pleuvoir sur l'invisible Roderon, dont la voix étranglée semble sortir du fond de la vallée. « — Veux-tu revenir, canaille, et rapidement ? « — Mais j'y suis presque, donnez encore un peu de corde ? « — Il est têtu, tout de même ! Roderon, si tu ne remontes pas je coupe la corde ! » crie Gaspard d'une voix tonnante. Aussitôt on voit réapparaître l'infortuné chapeau qui se hisse aussi vite qu'il peut. Gaspard alors fait retentir la plus verte semonce que oncques redirent les échos de la Meije... « Et marche droit, vilaine bête, et si tu bronches je te « détache. » Ahuri des malédictions du Grand Chef, Roderon s'ap- plique à ne plus broncher, aussi on ne le détache pas.