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LA SAINTE ÉPINE 39 Saint Louis fut extrêmement sensible à un tel présent ; il en marqua sa reconnaissance en payant de lui-même un emprunt que l'Empire avait fait à la République de Venise. Ce présent inestimable, renfermé dans une boîte scellée, fut transporté avec une grande dévotion de Venise en France, par des religieux d'une sainteté reconnue. Guil- laume de Nangis, Vincent de Beauvais et d'autres histo- riens français ont donné de cette cérémonie des détails fort intéressants. Saint Louis alla au devant de la sacrée relique et s'avança jusqu'à cinq lieues au-delà de Sens, accompagné de la reine sa mère, de ses frères et d'un grand nombre de princes et de prélats. Il se chargea, avec Robert d'Artois, sên second frère, du soin de porter la sainte couronne dans la cathédrale de Sens. Il était nu-pieds et suivi d'une nom- breuse procession. Son recueillement et les larmes qui coulaient de ses yeux annonçaient les vifs sentiments de religion dont son cœur était pénétré. Il n'entre point dans le cadre de cette courte notice de raconter les vicissitudes par lesquelles a passé la sainte cou- ronne, toujours conservée et vénérée aujourd'hui dans l'église métropolitaine de Notre-Dame, à Paris. On en a détaché, depuis, quelques épines pour les distribuer à plu- sieurs églises, et pour ne signaler que celles que nous avons vues, ou dont nous connaissons l'existence, nous mentionnerons les deux de Sainte Croix de Jérusalem à Rome, celle de Toulouse, celle d'Arles, celle de l'hospice du Grand-Saint-Bernard et celle de l'abbaye de Saint-Mau- rice (Valais). La sainte Épine dont nous allons nous occuper ici fut détachée par saint Louis lui-même de la vénérable cou- ronne, et envoyée par ce pieux monarque, de Sens où il se trouvait alors, à l'église du Puy-en-Velay. Une lettre du