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                         LES   LIVRES   DE
244                                          RAISON

communiqué par un de ses descendants, M. Edmond Roche,
avocat, a d'abord le mérite de nous faire distinguer très
nettement la branche protestante de cette famille, de la
branche catholique, qui demeura fixée dans notre ville.
    On sait qu'au moment de la révocation de l'édit de
Nantes, Jean Huguetan, chef de la première, quitta Lyon
pour se réfugier en Hollande, où il acquit, dit-on, une
 fortune prodigieuse pour l'époque, dans le commerce de la
librairie. On sait aussi que s'étant retiré ensuite en Dane-
marck, il y vécut en grand seigneur et fut créé comte par le
roi Frédéric IV ("14). Quant aux représentants de la branche
lyonnaise, ils continuèrent à se livrer à l'art de la typo-
graphie, en s'alliant aux familles d'imprimeurs les plus
 connues de cette époque. Aussi voit-on figurer, comme
 parrains de leurs enfants, les Cardon, les Pillehotte et les
 Delaroche.
    Dans cette sorte de registre de l'état civil, qui commence
 en l'année 1603, pour finir en 1733, avec la famille
Chaumas, dans laquelle se fondit celle des Huguetan, à la
fin du xvn e siècle, on peut aussi recueillir plus d'un trait de
mœurs. Ainsi nous y voyons notamment qu'à cette époque
les moyens de locomotion ne sont guère plus rapides qu'au
xive siècle, où les gens de la noce de Jacquemin Dupuy
vont, le premier jour, prendre gîte à Anse, pour se rendre
le lendemain à Belleville. Les Huguetan possèdent une
vigne à Fontaines-sur-Saône, et au retour des vendanges,
ils reviennent en famille et avec tous leurs bagages, sur un
grand bateau, qu'on abandonne au paisible courant de la



  (14) Mss. de l'Académie de Lyon, t.            124. — Breghot du   Lut.
Mélanges biographiques et littéraires, p. 18S.