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                  ROUMANILLE ET LE FÉLIBRIGE                       339

    Les Pâquerettes, qui parurent en 1847 chez Techener, à
 Paris, forment un volume in-8° de 243 pages, rare aujour-
 d'hui. L'origine de la renaissance méridionale remonte
 à ce premier recueil. « Les Pâquerettes, ces humbles vers
d'un paysan, s'écriait Paul Mariéton aux funérailles de
Roumanille, ont eu plus forte destinée que bien des livres
glorieux. C'est qu'ils portaient en germe dans cette langue
plébéienne tombée en discrédit, la triple idée que nous
défendons : l'amour du foyer, du clocher, de la terre,
comme résumant les suprêmes affections de l'homme. »
   On trouve, en effet, dans ce volume, des poésies d'une
fraîcheur délicieuse. Je traduis, entre toutes, celle-ci dédiée
à sa mère : la Vieille Pierrette, de Piqué. L'on croirait, en la
lisant, à un morceau d'anthologie, tant en est raffinée la
simplicité des sentiments et merveilleuse la douceur des
pensées :
         Dans un mas qui se cache au milieu des pommiers,
              Un beau matin, au temps des aires,
         Je suis né d'un jardinier et d'une jardinière,
              Dans les jardins de Saint-Remy.

         Je naquis le premier de sept pauvres enfants ;
              Ma mère au chevet de mon berceau,
              Souvent veillait des nuits entières
              Son petit malade endormi.

         Maintenant autour de ma maison, tout rit et reverdit ;
         Loin de son nid de fleurs soupire et vole
             L'oiselet qui s'en est allé.

         Je vous prie, ô mon Dieu, que votre main bénie,
         Quand j'aurai assez senti l'amertume de la vie,
              Ferme mes yeux où je suis né.

renoncer à mon grand regret, à transcrire ici la préface authentique de
Mistral,