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Îj6                  M. DÉSIRÉ GIRARDON

dominateur : jeune, ardent, d'une intelligence supérieure,
d'une imagination entraînante, il allait fasciner et maîtriser
tout ce qui l'approcherait. Ancien élève de l'Ecole polytech-
nique, officier du génie sous Napoléon Ier, licencié en 1815
avec l'armée de la Loire, et revenu ainsi malgré lui à la vie
civile, il avait fondé à Lyon une fabrique de produits chi-
miques. Il décide son neveu à abandonner ses rêves
d'épaulette et à entrer dans l'industrie avec lui. Mais
M. Tabareau était de ceux qui ne font rien à demi : pour
être bon industriel, il faut connaître la Banque, — et il fait
subir au neveu un stage de deux ans chez un banquier de
Genève. Pour être bon industriel, bon fabricant de produits
chimiques et bon commerçant, il faut connaître la teinture,
— et il l'installe comme apprenti, en sabots, chez un teintu-
rier et chez un apprêteur; , il faut savoir vendre ses pro-
duits, et il le place enfin comme voyageur chez un
droguiste. Tant de noviciats étaient pour lasser un peu la
patience du futur industriel: aussi bien,s'étantvu, dans son
premier voyage d'affaires, refuser deux ou trois fois la marque
de la maison qu'il représentait, il écrivit tout simplement à
son patron qu'il renonçait à écouler sa médiocre marchan-
dise, et acheva en touriste amateur sa tournée de voyageur
de commerce.
   L'heure paraissait enfin venue de recueillir les fruits d'une
si longue préparation. Mais 1830 avait sonné. Le gouver-
nement établissait des Facultés à Lyon. La qualité d'ancien
« brigand de la Loire » n'était plus une tache, c'était
devenu un titre à la faveur. Et M. Tabareau [était nommé
d'emblée professeur de physique et doyen de la Faculté
des sciences.
   Ce que M. Tabareau a été comme doyen de cette Faculté
naissante, ce qu'il a fait pour la bonne organisation et