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346 KOUMAN1LLE ET LE FÉLIBRIGE rappellent les vieux Noëls des troubadours. Ils ont été imprimés séparément, en 1885, et publiés avec leurs accompagnements. Peu de morceaux religieux m'ont plus remué, émotionné, reposé et calmé (6). Je passerai rapidement sur le rôle politique de Rouma- nille qui, en sa qualité de légitimiste passionné, fit aux socialistes et aux fouriéristes de 1848 à 1860, une guerre à outrance dans le journal la Commune. Son bon sens et son âme droite eurent presque toujours raison des argu- ments spécieux de ses adversaires. « Mais il se lassa vite de semblables discussions, dit M. Charles Maurras, et il recommença de rire en union de cœur avec tous les Provençaux, les morts et les vivants. Les vieilles histoires qui se racontent en hiver, les causeries du coin de feu, les agiles proverbes qui claquent au soleil, dans la poussière des grandes routes et le coup de fouet des rouliers », dans les champs brûlés et les plaines où croissent les touffes de lavande, de thym, de romarin, et sur les sentiers des Alpilles pittoresques, Roumanille réunit tout cela dans ses Œuvrettes en prose, parues en 1864. De nombreuses générations de jolis garçons et de belles filles ont ri aux éclats à la lecture de ces pages pleines d'humour, de saine gaieté, d'entrain, d'incroyable bouffon- nerie. En voici un spécimen : Une demoiselle un peu pâle et très dévote, se mettait du carmin aux joues. Elle en eut du scrupule et demanda à son confesseur si ce n'était pas un péché de se teindre ainsi. « Ma sceur, lui répondit le saint homme, les uns prétendent qu'il y a péché, les autres qu'il n'y a pas (6) Les Marguerites, Les Songeuses, La Part de Dieu, Les Fleurs de Sauge et les Noëls, furent en 1859 réunis en un volume, intitulé : Les Œuvrettes en vers.