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ROUMANILLE ET LE FEL1BRIGE 347 péché. Les premiers sont un peu sévères, les seconds ont peut-être la manche trop large. Prenons le juste milieu ma sœur. Teignez-vous une seule joue. » Il est à remarquer que cette puissance du rire, cette arme terrible de l'ironie, jamais Roumanille n'en abusa. Il sut plaisanter les ridicules et ne se servit jamais de sa puis- sance aristophanesque pour blesser ses adversaires ou nuire à ses ennemis. Depuis 1855, Roumanille faisait paraître tous les ans Y Almanach provençal. Aucune publication n'est plus répandue dans le Midi. On la trouve dans le plus petit village, dans les plus humbles hameaux, dans chaque cité. Sa mission est de prêcher gaiement la vertu et de tourner en dérision le mal et le vice. Roumanille a réuni dans ce mince volume annuel les noms des auteurs provençaux les plus connus : Mistral, Gras, Mathieu, Roumieux, Clovis Hugues, Bouissière, Girard, Guy de « Mount-Pavoun », etc., etc. « Aussi, dit Gaston Deschamps, ily a de toutdansce « recueil : des chansons d'amour à rendre jaloux les « Joglars (poètes) les plus élégiaques de Toulouse et des « farces comme devaient en réciter devant les laboureurs « du Latium les amusants paillasses des Atellanes (7). » Jusqu'à ses derniers moments, Roumanille s'occupa, avec un soin infatigable, de cette publication qui lui était chère. Il en était l'âme comme il fut l'action du Félibrige. Il en remplit les feuilles de ses « galéjades» désopilantes et de ses contes joyeux. Il rassembla vers 1889 ces derniers qui formèrent un recueil du rire, capable de dérider les fronts les plus aus- (7) Journal des Débats, 26 mai 1891,